Au moment d’écrire ces lignes, le premier ministre Legault est à la veille de présenter son plan de déconfinement. Quand toi tu les liras, j’ai vraiment aucune idée comment ce sera. Cette crise historique que l’on vit en ce moment m’a fait beaucoup réfléchir sur mes valeurs, et j’imagine que je ne suis pas la seule à avoir fait les réflexions suivantes, suite à mon changement drastique de mode de vie. J’oserais même dire que je me suis réinventée.
Tout d’abord, je crois que beaucoup de Québécois et Québécoises ont dû réévaluer leurs valeurs, ce qui compte vraiment pour eux. Lorsque quelque chose que l’on prend pour acquise nous est subitement enlevée, on réalise l’importance que cette dernière avait dans nos vies. Prenons pour exemple la famille. Du jour au lendemain, on nous demandait d’arrêter de voir nos parents, nos grands-parents, nos amis. Je me rends compte qu’avant, l’envie de les voir était par mal moins forte, puisque je savais que je pouvais les voir n’importe quand. Tout à coup, on m’enlève ce privilège, et ça me fait réaliser que j’aurais donc dû leur rendre visite plus souvent et profiter pleinement de chaque moment avec eux. Même chose pour mes amis, que j’appelle pas mal plus souvent qu’avant le confinement! Je pense aussi à l’inverse, à ceux qui ont dû garder leurs enfants à la maison. Je n’en ai pas, d’enfants. Mais je peux imaginer à quel point ça chamboule une vie, de devoir gérer 24/7 ses enfants, comme dans « l’ancien temps » où les femmes restaient à la maison. Je ne suis pas dans cette situation, mais oh que je m’imagine le travail colossal que ça doit représenter, que d’être une mère ou un père au foyer. Chapeau sérieux.
Une autre chose que j’ai remarqué, dans mon cas, c’est mon soudain engouement pour le jardinage et l’autosuffisance. Et je ne crois pas être la seule. Encore une fois, on réalise que d’aller à l’épicerie, c’était chose du quotidien. Et pourtant, ce n’est tellement pas le cas partout dans le monde. J’ai comme l’impression qu’on est en train de vivre un retour aux sources, à un mode de vie plus simple et relax, et j’ose espérer que nous allons en garder une partie dès que tout cela sera terminé.
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J’ai aussi assisté à un regain de volonté à vouloir acheter local, et je trouve ça beau. Étant quelqu’un qui magasine autant local que dans les grandes surfaces, j’ai fait plusieurs achats en ligne durant la pandémie, que ce soit local ou non, et ça m’a tellement éclairé. Les produits locaux offrent une qualité qu’on ne retrouve pas toujours dans les chaînes internationales. J’ai eu la chance de découvrir pleins de beaux commerces locaux, qui contribuaient d’une façon ou d’une autre à aider la société (je pense entres autres à Womance, qui durant le mois d’avril offrait aux gens de faire un don pour Moisson Québec en échange de participations pour gagner une carte-cadeau). Je vais certainement continuer à privilégier l’achat local lorsque la crise sera passée.
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J’ai aussi pu observer à quel point certains métiers qu’on sous-valorisait devenaient soudainement les piliers de la société. Oui, je pense aux infirmières, mais aussi à tous les employés de l’alimentation, les préposés aux bénéficiaires, les concierges qui désinfectent les immeubles, et j’en passe. Tous des métiers avec des salaires qui, on l’a bien vu, étaient loin d’être dignes de la royauté, mais qui sont tellement mais TELLEMENT essentiels dans notre société. À tous les gens qui ont dû faire front, à tous ceux qui ont continué à se présenter, jour après jour au travail, en s’exposant, dans la peur, à l’ennemi invisible, je vous dis bravo. J’ai énormément de respect envers vous, encore plus depuis cette pandémie. Vous avez tenu notre société à bout de bras.
Une dernière chose sur laquelle j’ai travaillé et qui m’a permis de passer à travers la pandémie et l’isolement, c’est ma créativité. Je l’ai exploité à fond, j’ai peint, dessiné, pratiqué le piano, joué de la guitare, chanté, j’ai écrit, j’ai décoré, et ça m’a aidé à rester saine d’esprit. J’espère que toi aussi, tu as laissé place à ton petit côté artistique, afin de garder ton cerveau stimulé.
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Pour conclure tout cela, j’espère qu’en tant que société, on va avoir tiré certaines leçons de cette crise. Peut-être qu’on met trop l’emphase sur le travail, peut-être qu’on ne visite pas assez ceux qu’on aime, peut-être qu’on veut que la vie aille trop vite, peut-être qu’on mise trop sur le commerce international, peut-être qu’on devrait commencer par prioriser nos aînés, qui ont été oubliés SOLIDE durant le début de cette pandémie. Quelle tristesse quand même.
J’ose croire que plusieurs points positifs en ressortiront. J’ose croire que nos jeunes ont assisté à l’école de la vie, qu’ils ont appris à cuisiner, à apprécier les moments en famille, à partager, à s’exprimer en utilisant les bons mots, à planter des tomates, à faire du lavage. T’sais, des choses qu’on apprend pas nécessairement à l’école, mais qui nous servent pour toute la vie. Je souhaite également de tout cœur que toute cette générosité, cette entraide et cette solidarité que nous avons développé entre nous ne s’effritera pas au fil du temps lorsque tout sera rétabli.
Et surtout, j’espère que les gens auront réalisé qu’il ne faut rien prendre pour acquis.