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L’année passée – Par Noémie Ouellet

Dans une société où tout va vite, où la performance est la clé de la réussite sociale, je suis perdue, je me sens à côté de la plaque. On n’a pas le droit à l’erreur, pas le droit de se tromper, où l’on se fait regarder de travers parce qu’on ne sait pas où on va. Ce qui est valorisé aujourd’hui, c’est d’aller à l’université, de rendre ses parents fiers, de passer ses cours haut la main, d’avoir une voiture, d’avoir un copain et peut-être même d’être fiancé! De sortir la fin de semaine dans les restos avec ses amis, de faire des voyages dans le Sud l’hiver et de se vanter sur les médias sociaux. Mais où trouver ma place dans cette structure si écrasante si ce n’est pas ce que je veux, ce à quoi j’aspire? Parfois, je me sens comme si je n’avais « pas d’affaire » dans ce système.

De nos jours, la vie va tellement vite, on nous demande de performer partout, de donner notre 100 % même si ça met en jeu notre équilibre mental. Quessé ça cette société-là?! Il faudrait qu’à vingt ans, on sache quoi faire du reste de notre vie, qu’on finisse nos études le plus vite possibles en clenchant tout le monde de la classe. On étudie, on travaille à temps partiel, on va au gym, on voit nos amis. Comment on fait pour se connaître soi-même au travers de cette valse endiablée là? Moi j’ai manqué le bateau en tout cas. Entre le cégep et l’université, il y a un bout de moi-même qui s’est perdu, si ce n’est pas mon âme en entier… Tout va trop vite, il faudrait que je me connaisse comme si j’étais un adulte alors que bien souvent, je me sens encore comme une enfant en dedans. La vie me fait peur, le jugement des autres m’effraie, j’ai peur de manquer d’argent, de scrapper ma vie si je ne trouve pas plus vite que ça ce que je veux faire dans la vie. À être perdue de même, on finit par essayer plein d’affaires, de faire les mauvais choix parce qu’on veut se dépêcher et rattraper nos amis qui prennent déjà de l’avance sur nous. Aujourd’hui, la vie est une compétition. Qui va réussir le mieux et le plus vite. C’est stressant mes amis, je vous le dis. Dans mon cas, je me retrouve, 2 ans après avoir terminé le cégep, dans le néant le plus total. Une vraie aveugle dans le noir.

J’ai l’impression que le monde me regarde et se dit : « Bon ben après avoir essayé l’enseignement, la coiffure, la psychologie, la littérature, ça va être quoi asteure? » C’est comme une voix dans ma tête qui ne cesse de me répéter cette phrase et qui me pousse à me remettre en question, qui sème le doute dans ma tête. Je me sens tellement impuissante face à cette situation. Bien entendu, puisque mon cheminement scolaire tire de la patte, pourquoi ne pas généraliser me dit mon cher cerveau! Mélangeons dans cette belle équation : insécurité financière, le désir d’habiter en appartement parce qu’en tant que jeune adulte, j’ai besoin de ce sentiment que l’on appelle la « liberté », relations amoureuses commencées tout croches et qui se terminent, bien entendu, de la même façon, etc. Bref, avec ce beau mélange nous nous retrouvons avec de l’anxiété, du stress et une perte d’estime de soi assez suffisante pour ébranler un individu en entier. Tout va trop vite. Parfois, je voudrais me retrouver lorsque j’étais enfant, avec mes amis de la garderie à penser au futur, à ce que je serai quand je serai grande. Tout ça pour finalement en arriver à la constatation que je suis grande, et que je ne suis toujours pas foutue de savoir ce que je veux faire.

Quand on est perdu, on fait des niaiseries parce qu’on est de moins en moins capable de distinguer qui on est et ce qui n’est pas accepté par sa propre conscience. Ce n’est qu’après coup que l’on se rend compte que finalement, cette connerie n’en valait pas la peine et que nous ne le referons plus. Ou on va le refaire, quelques fois, jusqu’à ce que notre conscience finisse par avoir suffisamment réfléchi et prenne position par rapport à la situation.

En tout cas, pour moi, quand une affaire va mal, on dirait que tout le reste se jette dans le tas pour que tout le monde soit égal. (Je ris moi-même, mais en fin de compte c’est pas drôle.)

Je me demande si je vais finir par arriver quelque part, par trouver ce qui me motive dans la vie, ce qui me fait me lever le matin pour aller étudier ou travailler. Pour l’instant, je n’ai pas encore trouvé, mais j’ai de l’aide et je dois conserver une lueur d’espoir qu’un jour, je vais trouver. Il est facile de dire qu’on est dans la merde quand on ne se démerde pas justement, mais j’ai choisi de m’aider, de prendre le temps de réfléchir à qui je suis, à ce que je veux être et avoir dans la vie. C’est long avant d’aboutir, on ne sait pas ce que ça va donner, si ça va être efficace, mais rendu au point où j’en suis rendue, ça ne peut qu’être positif. Ça c’est le petit discours que ma maman d’amour me répète toujours. Une chance qu’elle est là.

Au-delà de tout cela, au-delà de mon existence, rendons-nous compte, en tant que société, à quel point la pression est forte sur la relève et ne pénalisons pas ceux qui cherchent leur chemin. Il serait temps de revoir les valeurs véhiculées en question. Parce que comme ça va présentement, plus personne ne prend le temps de vivre. Oui c’est bien de viser l’excellence, de vouloir réussir dans toutes les sphères de sa vie, mais ce n’est pas possible sans sacrifier son bien-être psychologique à un certain point.

Parce que dans le fond, en tant qu’humain, ce qui est beau, c’est de se remettre en question, de réfléchir aux erreurs et aux essais qui ne fonctionnent pas, mais qui nous permettent de nous relever encore plus fort et de prouver aux autres et à soi-même combien on est plus fort qu’ils ne le croyaient. C’est quand on a tout essayé que l’on ne sait plus justement ce qu’il nous faut pour être heureux je crois. Oui c’est dur de ne pas savoir où on s’en va, de se tromper sans cesse et de perdre son temps et son argent, mais au point de vue de l’expérience, rien n’est plus formateur.

En attendant, j’espère que le jour où je trouverai ma voie est proche. Lorsque cela arrivera, je ne regretterai rien de tout cela, puisque chaque larme aura servi à quelque chose, à une cause noble, c’est-à-dire : à m’aider à trouver mon chemin et à être en mesure de mieux gérer les défaites, les réussites et les épreuves qui se montreront sur mon chemin.

En terminant, merci à tous ceux qui sont présents et qui me soutiennent. Je ne prie pas souvent, mais je remercie la vie de les avoir mis sur mon chemin.

 

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