Des fois je regarde des couples dans l’autobus pis je les trouve cute. Je suis sûre qu’ils ont des rituels, comme leur souper pizza le jeudi soir, pis la vaisselle à 19 h 11 en écoutant des vidéos de fails même pas drôles sur Youtube. Qu’ils se soufflent dans l’oreille pour chatouiller l’autre et qu’ils écoutent du Taylor Swift à tue-tête dans l’auto quand ils sont pognés dans le trafic. Je sais qu’ils s’engueulent sur des niaiseries — les poils de barbe dans le lavabo, l’oubli d’acheter du savon à mains — mais qu’à la fin de la journée, ils s’en foutent. Y sont ben. Y sont ben dans leur petit trois et demi dans Montcalm, avec les voisins trop bruyants pis le chihuahua jappeux du voisin. Ils regardent les couples aux cheveux blancs déambuler dans les rues en se disant que ce sera eux, dans 40 ans, qui se tiendront encore la main flétrie après tant de décennies.
Je trouve ça beau, de croire en l’Amour pour la vie, en 2017. Même quand on a eu presque aucun bon exemple de couples qui dure autour de nous. Même quand on se fait dire qu’on est naïf de croire en l’âme sœur à notre âge, que 20 ans, c’est ben trop jeune pour savoir si tu veux passer ta vie avec quelqu’un. Même quand on sait pertinemment qu’il est difficile d’évoluer côte à côte, sans que nos chemins se séparent. Qu’il est difficile d’apprendre à s’accorder au quotidien. Même dans les moments de marde. Moi, même dans les moments où je veux tout crisser là pis partir aux Îles Mouk-Mouk pour avoir la paix, je veux quand même que tu viennes avec moi. Pis je pense que croire dur comme fer qu’on aura des fillettes brunes surexcitées pis une Mini Cooper rouge à notre retraite, ça veut dire que la moitié de la job est faite.
Quand j’étais jeune, je pensais qu’être amoureux, ça voulait dire que je n’allais plus jamais avoir froid. Maintenant, je sais que ça veut juste dire qu’on aura froid, mais ensemble.
Par Rosie Morin-Michaud