J’ai vu quelque chose de beau l’autre jour. J’étais à la cantine du coin. Y avait un homme et une femme qui mangeaient ensemble. Les deux dans la quarantaine. Des amis, de ce que j’en ai compris. Une femme est entrée et comme il y avait de la place à leur table (même s’il y en avait plein ailleurs), elle a décidé de s’asseoir avec eux. Parle-parle, jase‑jase, ils ont fini par faire le tour des nouvelles concernant leurs chums, leurs blondes, leur famille, leurs projets…
Un peu plus tard, trois jeunes filles pas plus vieilles que 12 ans sont entrées, se sont assises ensemble à une table. Les trois autres les ont saluées et leur ont demandé comment ça allait à l’école, comment allaient leurs frères, leurs sœurs et leurs parents. Clairement, ils se connaissaient tous.
Toujours plus tard, une famille est entrée. Le père, la mère, les deux filles dont une ado qui avait participé à Secondaire en spectacle la veille. Je l’ai su parce que tout le monde dans la salle l’a félicitée de sa performance. Ils s’étaient tous réunis la veille pour aller encourager les jeunes de la place.
J’ai trouvé ça beau. Et j’ai pas pu m’empêcher de penser « Fille, peut-être que toute cette proximité-là te gosse à ton âge, mais t’es chanceuse ». Y avait quelque chose de rassurant dans le fait de constater que tout le monde s’intéressait, à sa façon, à la jeunesse qui pousse près d’eux.
Pour qu’un enfant grandisse, il faut tout un village, qu’ils disent. C’est pas faux quand on y pense et si on considère que chaque personne qu’on rencontre nous influence, nous en apprend même un tant soit peu sur nous et sur la vie. Ça prend plein d’opinions, de visions, de façons de faire les choses, de réalités, de perceptions pour grandir. Et je suis pas mal certaine que le fait de se sentir soutenu aide grandement.
Ce moment-là, je l’aurais pas échangé pour rien au monde. Il était simple, mais riche de sens. Ça m’a rappelé à quel point ça fait du bien de savoir que des gens veillent sur nous. J’ai pas vécu l’esprit de village dont il est question ici, mais j’ai quand même eu la chance d’avoir une famille – élargie – unie. Ça m’a fait réaliser que j’étais privilégiée. J’ai remercié la vie d’être bien entourée, pis je me suis dit que j’allais continuer de veiller sur mon prochain. Après tout, ça coûte rien, pis ça rapporte à tout le monde.
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