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La veuve noire

Tu as le droit d’être toi, vraiment.

L’erreur est mienne d’avoir espéré si longtemps que tu sois autrement; plus saine, plus ouverte, moins envieuse.

L’erreur est mienne d’avoir bu tes paroles, d’avoir accepté que le monde te tombe sans cesse sur la tête, de t’avoir soutenue dans ta continuelle tempête intérieure.

Et si tu étais ton propre orage?

Et si ton mal-être, tu le cultivais ardemment?

En partageant trop longtemps ta vision grivoise, tes pensées ténébreuses, j’ai laissé partir en poussière une parcelle de mon bonheur qui, heureusement, se régénère vite. Ton existence m’a tellement tourmentée. Tes dires, à mon sens, resteront toujours choquants. Choquants de par leur souhait dissimulé que les autres souffrent, que les autres partagent ton mal-être. Choquants de par leur tournure malhonnête que je gobais comme des pilules au fond d’un gobelet.

Toute petite, je me suis sentie si triste qu’un tel mal de vivre t’accable que je me suis fait prendre au jeu. Mais ton mal-être est perpétuel, tu l’alimentes avec chaque pensée destructrice, avec chaque parole amère, manipulatrice et méchante qui laisse clairement entrevoir la noirceur qui t’habite. Je le vois tout ça, maintenant.

Je vois aussi pourquoi je t’étais vitale; moi et ma chaleur, ma lumière, ma compassion sans bornes.

Si souvent, tu as semé en moi le doute; le doute que c’était impossible d’être belle, heureuse et bienveillante à la fois. Que je pouvais cultiver mon bonheur, mais seulement à petite dose pour ne pas te faire jalouser, parce que tu n’as appris qu’à cultiver l’artifice. Je pouvais être heureuse, mais pas trop fort; je pouvais vivre une joie immense, tant qu’elle soit silencieuse.

Je ne suis pas sans séquelles. Pour moi, tu es un échec : mon échec. Parce que j’étais convaincue que quand on veut, on y arrive malgré les zones d’ombre, et que tout le monde peut être sauvé du darkside avec un peu de volonté. Pas ceux qui se perçoivent comme d’éternelles victimes, faut croire.

Tu as su me prouver que ma lumière ne sera jamais assez vive pour éclairer ceux qui s’acharnent à vivre dans leur poisse. J’ai longtemps cru, espéré que tu verrais clair, que tu te sortirais de ton trou noir où tu siphonnes les gens, les intoxiques lentement comme une veuve noire, une fois qu’ils sont prisonniers de ta toile. Prisonniers, je dis, car tu mènes une sale lutte pour éviter qu’ils ne se désenivrent de ton venin.

Espiègle, tu as prôné la différence; tu as proclamé que tous ne pouvaient être dotés de ma sensibilité et que je devais en revanche m’endurcir. Que je devais t’accepter pour qui tu es, et chérir tes bons comme tes mauvais côtés.

Parce que tu me connaissais comme le fond de ta poche, me disais-tu, et que j’avais besoin de toi. Je réalise aujourd’hui l’absurdité monumentale de ces affirmations.

C’est le cœur criblé de balles que j’ai réalisé que c’est facile de dire ça quand tu stagnes, quand le meilleur de toi-même, tu n’essaies même pas de l’atteindre. Je t’ai pourtant répété que les atteintes physiques, gratuites et dénigrantes envers autrui me sillaient dans les oreilles et venaient jeter un nuage gris sur mon petit univers où tout le monde brille, où tout le monde est beau et où les oiseaux chantent.

Comme Mike Ward dispute sa liberté d’expression, tu disputais la tienne; mais mon tribunal a reconnu qu’elle était trop souvent mensongère et vile.

Alors, je dispute à mon tour mon droit de m’exiler de ton énergie négative, de l’exaspération et de la tristesse que ta présence me procure.

Aujourd’hui, je me choisis. Je choisis de cultiver ouvertement mon bonheur au sein de gens qui partagent mon désir d’avancer. Je choisis de reconnaître la vie et les gens pour ce qu’ils sont; allègres, beaux, multicolores. Du moins, c’est ce que je choisis de voir.

Même si je ne me dévoue plus à ta cause, je souhaite néanmoins qu’un jour, tu laisses entrer la lumière.

Anonyme

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