Je ne sais pas toi, mais moi, j’adore écouter une chanson et avoir l’impression qu’elle a été écrite pour moi. J’aime me sentir comprise et un peu moins seule.
Mais parfois, la musique n’a pas cet effet magique tant escompté. Alors que tu voudrais pouvoir briser des murs et crier à tue-tête, la radio décide de passer du Ed Sheeran bien mielleux, question de t’enfoncer dans ton malheur. Parce qu’effectivement, toutes les chansons n’ont pas le pouvoir de nous guérir.
C’est dans cet état d’esprit que j’ai découvert la poésie. J’avais besoin de me trouver au travers de lignes simples et délicates écrites par de parfaits inconnus.
La poésie contemporaine, ce n’est pas d’interminables vers aux règles strictes, écrits dans un vieux français où tout droit rimer parfaitement. Il n’y a pas toujours douze syllabes par vers. Il n’y pas de sens précis. Pas de sujet clair. Je vais laisser les alexandrins des siècles passés à tes cours de cégep, et je vais te parler de ce que c’est, être poète aujourd’hui.
Avant tout, c’est un amalgame de belles phrases qui voulaient peut-être dire quelque chose pour l’auteur dans le contexte de sa vie et par rapport à ses expériences. Parfois, on sous-entend des thèmes modernes évidents, mais la grande majorité du temps, ton cerveau comprendra ce dont il a besoin de comprendre pour se sentir mieux. Il adaptera les mots à ta situation et tu y trouveras du réconfort dans les non-dits de la poésie. Tu pourras te perdre dans l’analyse, ou simplement l’apprécier. Il n’y a pas de règles.
C’est aussi bien moins moralisateur qu’un livre de croissance personnelle qui te met tes torts en pleine face. C’est parfois plus délicat, mais c’est tout aussi poignant. Il m’arrive de lire une page, de fermer les yeux et de la relire pour comprendre quelque chose de totalement différent. À travers les métaphores, les tournures de phrases et les thèmes, les poètes te font sentir moins seul. De vrais magiciens des mots.
Au Québec, nous avons la chance d’avoir de nombreux auteurs qui parlent de féminisme, de traumas, qui dénoncent la culture de la consommation, ou qui parlent de l’intensité des émotions. Je t’encourage fortement à te perdre dans une librairie quelque part et d’acheter ses petits livres peu coûteux, qui ne prennent pas beaucoup de temps à lire, mais que tu peux garder dans ta bibliothèque et ressortir plusieurs fois pour voir les choses différemment lors de chaque relecture.
Pourquoi? Parce que c’est abstrait. Et parce que tu auras évolué. Tu auras envie de comprendre autre chose et de te sentir écouté autrement.
Tu peux aussi toi-même en écrire. C’est libérateur. Pose-toi la question : si demain tu ne pouvais plus jamais parler, qu’est-ce que tu dirais aujourd’hui? N’écris pas un texte continu, ne t’adresse à personne. Dénonce le monde dans lequel tu vis, écris ce que tu voudrais crier haut et fort, sans jamais nommer. Si j’avais à faire l’exercice, je commencerais sûrement par :
« Tu veux toujours aller plus vite.
Tu le veux toujours tout de suite.
Ce qui vaut la peine prend du temps.
C’est la beauté de ce qui dure longtemps.
Mais continue de courir,
Un jour tu finiras par comprendre.
Et il sera trop tard pour apprendre. »
Chacun trouvera le sens qui lui plait, ce qui résonne avec sa réalité. Et si jamais écrire ne t’intéresse pas et que tu préfères lire, je te conseille de jeter un coup d’oeil aux oeuvres de Virginie Beauregard D., comme celui-ci.
Sinon, je te conseille également :
« Lait et Miel » (Milk and honey) par Rupi Kaur.
«The princess saves herself in this one » (anglais) par Amanda Lovelace, lecture plus lourde, à lire avec précaution!
Bonne lecture!
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