Il y a quelques années, un de mes professeurs a raconté comment il avait hâte d’avoir 30 ans. J’avoue que je ne comprenais pas du tout. J’ai déménagé seule en appartement lorsque j’avais 16 ans et les responsabilités se sont rapidement accumulées. Je me sentais souvent submergée par mon rapide passage à l’âge adulte, alors je ne comprenais absolument pas comment on pouvait être pressé de vieillir.
Ce que mon professeur a dit ensuite a fait prendre tout son sens à l’affirmation. Il nous a expliqué comment, à l’adolescence, il ne se sentait jamais à sa place et que plus il approchait de la trentaine, plus ses intérêts étaient jugés « convenables », si on veut, pour son âge. Et là, j’ai eu un déclic. J’ai compris pourquoi mes ami.es étaient parmi les personnes que j’aime le plus et avec qui je m’entends le mieux, mais que nos centres d’intérêt ne sont pas toujours les mêmes. Ça fait longtemps que je préfère de loin une soirée en pyjama à écouter des films et à jaser, plutôt qu’une sortie dans un bar jusqu’aux petites heures du matin à se sentir à l’envers au réveil. Tout comme énoncé par mon professeur, plus les années avancent et plus mes ami.es et moi nous rejoignons dans nos intérêts.
Avec les années, j’ai aussi commencé à davantage travailler sur moi-même. Je corrige ce que je juge à changer dans mon caractère, mais je renforce aussi ce que je chéris chez moi. J’essaie de m’aimer tous les jours un petit peu plus. J’essaie. Mais je trouve ça beau et, en moyenne, je me sens de mieux en mieux dans ma peau. C’est aussi ça, vieillir. Ce n’est pas seulement les responsabilités qui s’empilent, qui te donnent le vertige et qui t’étouffent.
Je ne pense presque jamais à mettre mes poubelles au chemin, mais j’ai commencé à me mettre de l’argent de côté. J’aime mieux manger de la pizza congelée que de me faire un vrai repas. Je suis une grande enfant de 22 ans et je le resterai peut-être toujours un peu, mais je progresse en tant que personne, à chaque année de vie. Je me sens plus à ma place. Avant, j’avais l’impression que mes pieds n’étaient pas dans mes bottines; qu’elles suivaient un chemin que mes pieds ne voulaient pas emprunter. Maintenant, je ne sais peut-être pas où je m’en vais exactement, mais j’aime ce qui m’entoure et le chemin que je choisis chaque jour. Je ne suis quand même pas prête à dire que je suis une adulte, je ne suis pas pressée de vieillir non plus, mais j’ai hâte de voir ce qui m’attend.
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