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La maladie affective bipolaire

En santé mentale, il y a un triangle des Bermudes en ce qui concerne certains diagnostics. Pour les professionnels de la santé, c’est un travail conjoint qui se réalise afin de déterminer l’heure juste. Je comprends donc combien ce peut être difficile parfois de s’expliquer soi-même ce qu’on vit. Suis-je bipolaire, suis-je TDAH ou suis-je TPL? Ce sont ces trois diagnostics qui parfois se fondent les uns dans les autres, car certaines manifestations sont les mêmes.

Ici, on n’étiquette pas les gens d’un diagnostic sans but et pour stigmatiser; au contraire, pour avoir le meilleur traitement possible, il est nécessaire d’avoir une idée juste de ce qu’est la difficulté et sa cause. Pareil que pour la santé physique, les travaux de plomberie, les problèmes mécaniques d’automobile ou un bogue informatique! Je recommande donc toujours d’être prudent et de ne pas s’auto-diagnostiquer par Internet ou par bouche-à-oreille. Il vaut toujours mieux consulter un psychologue, un médecin omnipraticien ou un psychiatre pour un diagnostic clair et précis.

Enfin, je souhaitais vous entretenir de la maladie affective bipolaire (MAB) dans un premier temps, car plusieurs personnes méconnaissent ce trouble et pour en finir avec les préjugés. 1 à 3 % de la population en est atteinte et beaucoup de gens arrivent à vivre de manière satisfaisante et fonctionnelle.

On peut définir la MAB comme un trouble de l’humeur causé par un déséquilibre biochimique dans le cerveau. Ces débalancements peuvent être influencés par des stresseurs (autant positifs que négatifs) comme un mariage, une perte d’emploi, un voyage avec décalage horaire ou un deuil.

Mais il arrive qu’il n’y ait pas de cause apparente qui génère la fluctuation de l’humeur. Il n’y a donc pas de cause précise de déclenchement de la maladie, mais il y a tout de même un lien génétique; comme quoi on a plus de chance d’être atteint de la MAB si un membre de notre famille en a un. Par ailleurs, il existe maintenant trois types de MAB (type I, II et III), mais ici je ne ferai pas la différenciation (pour les curieux : (ICI)).

Il est important de préciser que les fluctuations d’humeur sont grandement plus intenses que les changements d’humeur d’une personne sans MAB. Les épisodes de baisse de l’humeur sont appelés dépression puis les épisodes de grandes joies, l’hypomanie ou la manie franche. Il y a même parfois des symptômes psychotiques associés (hallucinations, idées délirantes ou paranoïdes).

La manie est une expérience très personnelle où la personne atteinte de MAB se sent en pleine forme, a une diminution de son besoin en sommeil et en alimentation, les pensées défilent rapidement, il semble que les autres gens sont au ralenti et ne vivent pas la même chose, puis elle peut avoir l’impression d’avoir des pouvoirs spéciaux, faire des achats compulsifs, avoir des hallucinations auditives ou visuelles, des pensées qui sautent du coq à l’âne, parler vite et fort, se fixer des objectifs irréalistes, avoir des conduites à risques, une augmentation de la libido, être impatient/irritable, vivre une surestimation de soi et un sentiment d’euphorie… Imaginez-vous prendre cinq Red Bull et dix cafés par jour pendant une semaine, car ça ressemble un peu à ça!

Mais, le danger qui guette les gens après l’épisode de manie est de tomber, mais de très haut. Plus tu sautes de haut, plus tu tombes bas.

Ainsi, la dépression peut s’installer avec augmentation du sommeil, aucun désir ni motivation d’entreprendre des projets ni même de réaliser les activités de la vie quotidienne (se doucher, manger, aller travailler, faire le ménage, s’occuper de ses tâches familiales, etc.), choisir de s’isoler, perte de plaisir, pleurer sans savoir nécessairement pourquoi, autodépréciation, colère, difficultés à prendre des décisions, idées suicidaires, sentiment de culpabilité excessive, se sentir mal même quand tout va bien en apparence, fatigue et perte d’énergie… Le contraste est flagrant avec l’épisode de manie. Et les causes peuvent être encore une fois un stresseur positif ou négatif : un changement de saison, une modification de l’usage du tabac, une maladie physique, un changement de médication, une routine au travail modifiée, etc.

Malheureusement, il y a un taux de suicide élevé chez les personnes atteintes de trouble bipolaire et les autres troubles de l’humeur. Il s’agit d’une solution permanente à un problème temporaire. Il est important, voire obligatoire, de partager avec un proche, une personne en laquelle on a confiance, un intervenant ou un professionnel de la santé si vous avez des idées noires, des flashs suicidaires ou un plan de suicide qui se forme. Le centre de prévention du suicide et les centres de crise sont les ressources adaptées à la situation 24 h / 24 et 7 jours / 7. Vous recevrez de l’aide rapidement, sans jugement, et personnalisée à votre situation.

Pour les centres de prévention du suicide : (ICI).

Pour les centres de crise : (ICI).

Un moyen efficace de pouvoir aider à clarifier la présence de MAB est de compléter un journal de l’humeur. En complétant un journal quotidien de vos humeurs, évènements marquants de la journée, des corrélations peuvent être faites et le traitement plus facile. Noter par exemple, votre niveau d’appétit, votre quantité de sommeil, votre humeur générale, votre attention/concentration, vos projets, vos problèmes de santé physique, vos achats, vos effets secondaires si prise de médications, etc. (pour un exemple : (ICI))

Lorsque le diagnostic est posé, le meilleur traitement est un combo de médication stabilisatrice de l’humeur, de psychoéducation et d’une bonne hygiène de vie. Il faut rencontrer un médecin ou un psychiatre pour avoir un suivi des symptômes et pour la prise de médication. Ensuite, la psychoéducation peut se faire en groupe, en famille et/ou en suivi individuel via les organismes communautaires, les services offerts en milieu hospitalier ou via les CLSC. Le plus important pour maintenir l’équilibre est définitivement de prendre soin de son sommeil, de faire de l’exercice physique et d’avoir une bonne alimentation. En plus de cela, avoir une saine gestion du stress et apprendre à mettre ses limites.

Auto-questionnaire de la MAB pour le diagnostic : (ICI).

Guide d’autogestion de la MAB : (ICI).

Enfin, je vous souhaite à tous et à toutes de vous permettre d’avoir une vie à votre image; de réaliser vos rêves et de demander de l’aide même si tout vous semble perdu d’avance. Il n’y a pas mieux que d’atteindre un équilibre personnel.

Xxx Sarah

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