Définition de nostalgie : Regret mélancolique, désir insatisfait. Définition de nostalgie : Regret mélancolique, désir insatisfait. Ça sonne négatif. Je suis moi-même quelqu’un de nostalgique. Est-ce que ça fait de moi quelqu’un de négatif? Pas pour autant.
J’aime me rappeler des souvenirs par des images, des odeurs et des sons. Lorsque je provoque ces moments, mais surtout lorsque je me fais surprendre par ceux-ci.
Vous est-il déjà arrivé de marcher tout bonnement et d’être surpris par une odeur qui vous traverse le nez et, instantanément, votre corps se voit transporter dans le temps, au moment même où vous étiez lorsque vous avez senti cet effluve?
C’est puissant, la mémoire. On ne se rend pas compte à quel point elle est précieuse. Elle est qui on est. Ce qu’on a vécu. Ce qu’on ne veut plus. Elle permet de dicter vers où on veut aller et où l’on veut retourner.
J’aime être nostalgique. J’aime tenter de me rappeler quel est mon plus vieux souvenir. Celui qui ne fait appel qu’à ma mémoire et non pas à une histoire qui m’a été racontée ou une photo que j’ai vue plus tard.
Que tu aies été du type Barbie ou poupée Bout’chou (avec le certificat de naissance), Transformers ou G.I. Joe, Beverly Hills 90210 ou K-2000, cachette ou TAG BBQ, Tamagotchi ou Ma petite pouliche, Goldorak ou Capitaine Flam, Bratz ou Furby, Atari ou Coleco, Gameboy ou Super Nintendo, tu ne pourrais pas t’empêcher de sourire de constater combien ça t’a amusé. Que ça ait bien vieilli ou non. C’était l’époque, notre époque.
On a tous nos souvenirs de divertissements à nous. Aussi lointains soient-ils.
Mon 0-4 ans est ardu à me rappeler d’un moment en particulier. Du plus loin que je me souvienne, c’est la course contre la montre de mes amis et moi en maternelle pour se déshabiller à notre arrivée pour pouvoir se garrocher sur les livres de Barbapapa. Ils étaient 6, nous étions 20. C’était la guerre. Hula hup! Barbatruc!
Ce temps d’insouciance sans responsabilités me manque. Où manger, jouer et dormir faisaient que ta journée était bien remplie.
Je m’ennuie de m’asseoir sur les genoux de mon père au volant de son Oldsmobile Omega 1979 pis de penser que c’est moi qui conduisais.
Je m’ennuie de téléphoner à mes amis le matin après Samedi-Jeunes avec Lison pour savoir s’ils voulaient jouer avec moi.
Je m’ennuie de se rejoindre au Provi-Soir ou au Perrette en vélo et de le laisser par terre en avant d’la porte.
J’m’ennuie de me faire dire de ne pas laisser mon vélo en avant d’la porte.
Je m’ennuie de jouer au hockey dans rue pis de crier toutes les 5 minutes : « TIME-OUT UN CHAR! » en tassant les buts.
Je m’ennuie de jouer aux billes avec mes patates, mes mexicaines pis mes œils de bœufs. Mais je ne m’ennuie pas de les perdre aux mains de Boulay.
Je m’ennuie d’aller au Ciné-Parc, de me faire sacrer dans l’coffre, d’attendre 2 heures qu’il fasse noir pour à peu près ne rien voir sur l’écran quand c’est trop sombre avec les p’tits clins qui s’amusaient à allumer leurs phares pour illuminer l’écran et se faire klaxonner.
Je m’ennuie de revenir de l’école pour dîner à la maison devant la télé en écoutant les Pierrafeu.
Je m’ennuie de découvrir pour la première fois que Luke et Leia sont jumeaux.
Je m’ennuie de lire des lettres écrites à la main.
Je m’ennuie de feuilleter le nouveau bottin téléphonique, le « directory » comme disait ma mère, lorsqu’on nous le déposait devant la porte pour voir s’ils n’avaient pas oublié d’y inscrire notre numéro de téléphone sans le 418 devant.
Je m’ennuie de me souvenir de tous les numéros de téléphone de mon entourage.
Je m’ennuie de Barack.
Je m’ennuie de Expo-Québec, mais celui lorsque j’avais 14-15 ans. C’était une grande sortie avec des amis où manèges, Hot-dogs oignons et piments cuits laissés sur la plaque depuis on sait pas combien de temps. L’odeur. L’o-d-e-u-r.
Je m’ennuie des jus en sacs où on transperçait le sac avec la paille comme s’il n’y avait pas de lendemain.
Je m’ennuie de sentir les cheveux des Fraisinettes de ma cousine.
Je n’ai jamais senti ceux de ma cousine.
Je m’ennuie de l’odeur des boules à mites et du coffre en cèdre lorsque c’était le temps de changer le linge d’été pour le linge d’hiver. Je m’ennuie, mais à bien y penser ça sentait le cadavre.
Je m’ennuie des gommes avec la tite poudre blanche dessus, trop dures et trop sèches dans les paquets de cartes de hockey. Je m’en ennuie 12 secondes. Le même temps que celles-ci duraient avant qu’elles ne goûtent plus rien.
C’est infini. Ajoute à tout ça ceux reliés au cégep et à l’université. Il y en a qu’on aime mieux ne pas se rappeler.
Je jugeais mes parents qui osaient prononcer les mots « Dans mon temps… » Je fais pareil.
Est-ce que je retournerais réellement en arrière? Non. Je préfère laisser la beauté telle que je la perçois dans ma mémoire. On est notre mémoire, elle est la preuve qu’on a vraiment existé. Stimulons-la pour la conserver et prions pour que la maladie ne puisse pas nous l’enlever.
Nostalgique que je vous disais?
2020, tu ne feras pas partie de mon ennui.
Je m’ennuie des rassemblements entre amis, je m’ennuie de serrer mes proches dans mes bras, je m’ennuie du cinéma, je m’ennuie des sorties au restaurant, je m’ennuie d’assister à des shows, je m’ennuie d’être DJ.
Je m’ennuie de ce qui nous paraissait normal. Tsé, tout ce qu’on faisait avant la pandémie mondiale?
Dire qu’on vivait tout ça sans savoir ce qui nous attendait dans les prochains mois.
Tous ces moments-là me réconfortent comme une grosse couverture chaude et moelleuse le ferait. J’aime me transporter là où je sais que j’ai été bien et joyeux. Il ne sert à rien de ressasser ceux où nous avons été malheureux.
Car les bons souvenirs durent longtemps, les mauvais plus encore.
J’aime mieux faire des bons, une mer de nostalgie où je vais me baigner à l’occasion sans regrets ni insatisfactions.
Faisons tout en notre pouvoir pour être le bon souvenir de quelqu’un au quotidien…
Réviseure Amélie Larivière