Je revenais du travail, il faisait noir partout, je me sentais seule. Je me suis arrêtée devant une rivière. L’eau était sombre, et sûrement glaciale à ce temps-ci de l’année. Elle semblait sans fin, sans cœur, sans promesses de jour meilleur. Un peu comme la vie, elle murmure à ton oreille, te menace de te prendre dans ses vagues sans te laisser partir.
J’ai eu le vertige en regardant cette rivière sombre. Un pincement au cœur, douloureux.
J’ai compris pourquoi tant de gens n’en peuvent plus, ne voient plus la lumière au bout du chemin. Ces gens qui se jettent dans ces vagues glacées. Pour en finir. Ce vertige, cet engourdissement de l’âme qui brûle le cœur. La mort étant leur seule solution, permanente et douce à leurs yeux. Ce terrible mal qui te gruge le bonheur, qui te gruge les jours qui n’en finissent plus.
Jamais je ne leur demanderai pourquoi. La raison n’est pas la solution. La raison ne deviendra pas un diachylon. Les larmes de sympathie ne les aideront pas. La douleur du corps, la douleur de la vie, la douleur dans la tête. Je la connais. Ce moment où tu ne crois rien de possible.
Arrêtons de voir le suicide comme un acte égoïste, un acte de lâcheté incompréhensible. La personne qui souffre jusqu’à voir la mort, n’est pas lâche et certainement pas égoïste. Elle a mal, un mal de vie, qui hypnotise et endort. Quand tu ne fais que penser à en finir de cette vie trop lourde, difficile à comprendre. Quand tu ne fais que traverser des obstacles, sans cesse, un après l’autre. Sans pouvoir sourire, même aimer. Quand le bonheur s’absente, qu’est-ce que tu es supposé faire? Te relever encore et encore, vivre comme si rien n’était et attendre que le bonheur te prenne dans ses bras?
Avec la vulnérabilité que le désir de la mort apporte, il n’est pas possible de voir ces options. Il n’y a que du noir. Partout, toujours.
Sans lueur.
Ces personnes, au bord du précipice, ont seulement besoin d’une main qui les retiendra. Un sourire qui les aimera. Peut-être que ce geste deviendra leur lueur. Que la tornade de ton amitié, de ton amour pourra détruire les murs qui les entourent. Qui les emprisonnent dans cet élan de tristesse et de malheur. Peut-être deviendras-tu le héros de quelqu’un. Je voudrais qu’on ouvre nos yeux, notre cœur… notre âme. Arrêter la douleur, la faire mourir cette douleur. Laisser vivre une personne n’est pas un geste magique. Seulement l’oreille attentive, le cœur prêt à prendre, une main tendue.
Peut-être qu’au moins une seule personne poursuivra son chemin sans tomber dans les vagues qui l’avaleraient.
Peut-être y aurait-il un suicide de moins.
Nous devrions, tous et chacun, vouloir vivre autant pour nous que pour les autres.
Comprendre la douleur, comprendre le manque de bonheur.
Comprendre le suicide et le prévenir.
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