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La culture générale, un tabou?

« Ahh t’es ben snob. Toi pis tes « références ». Parle donc de choses qu’on connaît. Fais attention de pas devenir chiante en vieillissant parce que tu connais plus de choses que les autres. »

Ritournelle incessante du monde qui souffre du malheureux complexe d’infériorité. J’ai connu pas mal de gens qui connaissaient plus ou moins de trucs t’sais, mais qui restaient curieux. Curieux du monde qui les entoure, curieux des phénomènes planétaires pis de la culture, des arts, du sport, de la politique.

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Quand quelqu’un connaît bien un domaine, moi c’est l’inverse qui arrive, j’ai juste envie qui parle, parle, parle. J’ai toujours envie d’apprendre. L’autre jour tiens, j’ai pris un lift amigo Québec-Montréal pis y’avait deux Africains dans l’auto. On aurait pu juste pas parler, ou faire du small talk du genre : « Y fait frette au Québec han, haha hoho ». Ben non, on s’est mis à parler de politique africaine, toi chose. Je connais pas trop le domaine, pis là, je suis ressortie du trois heures de char moins niaiseuse.

La curiosité devrait toujours gérer le monde. L’ouverture aussi. La culture, ça englobe tellement de choses, et avec le support médiatique qu’est Internet, j’ai juste de la misère à concevoir qu’on souhaite de moins en moins se perdre dans les trous noirs de Wikipédia. Je veux dire, oui, les livres, les romans, les encyclopédies, ça peut être rebutant, l’école et l’enseignement magistral aussi, c’est pas donné à tout le monde, mais t’asseoir devant ton ordi, pis surfer ailleurs que sur ton fil d’actualité Facebook, ça peut être très formateur.

Je pense qu’en tant qu’utilisateur de Netflix mettons, tu devrais te forcer des fois à regarder la section documentaire. Pis si t’as pas Netflix, allume Télé-Québec un soir, pis regarde ça ressemble à quoi de la télévision informative pis éducative. J’ai passé mon enfance en alternant les « queks » postes de télé qu’on avait chez nous. À faire du bricolage en anglais à CBC, à chanter La Boîte à Lunch avec Julie-Pier à Radio-Can pis à écouter des documentaires animaliers à Télé-Québec. Je suis morte, un peu, par en‑dedans, quand Noël autour du monde a arrêté d’être diffusé. J’étais jeune là, je pensais pas pantoute à ma carrière ni à mes études, je pensais à apprendre parce que l’être humain est une créature dotée d’intelligence pis de mémoire. Je peux te dire que, quand j’avais cinq ans environ, Gregory Charles m’a appris que Saint-Nicolas avait un doppelganger pas fin, un genre de Venom qui donnait du charbon aux enfants tannants. Je m’en rappelle t’sais.

Faut rester curieux. Je le répète. Pis même si on connaît déjà plein de choses, faut le rester. Y’a rien de plus plate qu’une personne qui s’assoit sur son savoir pis qui pète plus haut que le trou, ça c’est sûr. Les personnes les plus fantastiques que j’ai rencontrées dans ma vie, c’était souvent des vieilles sorcières pis des vieux pouilleux. Du monde qui savent tant de choses mais qui demeurent modestes devant tout, parce qu’ils le savent en maudit que la vie ça change, pis surtout, que ce qui est le plus précieux, c’est le partage des connaissances.

Un vieux qui meurt, c’t’une bibli qui brûle, comme dit le proverbe. Je m’en fais un devoir, moi, de les connaître les vieux. Mes grands-pères sont morts. Celui que j’ai connu est mort l’an dernier, c’était le meilleur jardinier du Québec pis le plus cool des « truckeurs ». Non, il connaissait pas grand-chose, mais ce qu’il connaissait, il le maîtrisait en tabarnack, pis je suis contente de l’avoir côtoyé pour ça. Mes grands-mères, c’est des femmes extraordinaires. Thérèse sait coudre, tricoter, broder, tisser, elle peint, lit de la poésie. Lucile doit connaître tous les mots du dictionnaire, elle fait des mots croisés en deux minutes, elle lit tout le temps, elle parle très bien anglais. Elles m’apprennent pleins de choses.

Faut rester à l’écoute.

Vous irez voir, sur le site de l’ONF, cet excellent documentaire qui m’avait vraiment bouleversée sur l’Ordre des Fermières du Québec. On y voit des cercles de Fermières vieillissants; des femmes qui se demandent si l’artisanat ne va pas finir par disparaître. Super touchant!

***

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