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C’est en constatant le nombre de magasins de vêtements avec une section « solde » permanente, les quartiers de outlets, la possibilité de magasiner virtuellement à même son lit qu’on peut en venir à se demander où est la pertinence de savoir coudre en 2017.
Je ne vous apprends rien en soulignant qu’à l’ère de la mondialisation, une majorité d’occidentaux ont perdu le contact avec la terre, leur cuisine, l’activité physique… et aussi avec plusieurs métiers artisanaux qui relèvent désormais du loisir plutôt que de la nécessité.
Aujourd’hui, je viens à la défense d’une de mes passions assez récentes : la couture, qui gagnerait beaucoup à retrouver sa popularité d’antan.
Pourquoi coudre quand tu payes ton tissu plus cher qu’un vêtement tout fait?
Bonne question, qui se répond de différentes manières :
Pour l’authenticité, l’originalité et la fierté de porter un vêtement unique fait par tes propres mains.
Parce que les soldes, ça se court aussi dans les magasins de tissus!
Parce que sur le plan éthique, quand on s’intéresse à la mode, il serait naïf de se convaincre que ce monde ne se résume qu’à extravagance et artistisme, alors qu’il va de pair avec les minables usines d’exploitation humaine dans le tiers-monde. Faire ses vêtements, c’est épargner au moins une étape de cette déplorable chaine.
Qui a dit que tu devais te ruiner dans un magasin de tissus pour coudre?
En toute honnêteté, retaper, recréer, modifier ses vieux vêtements, ou des vêtements dont d’autres se débarrassent (friperies, famille, etc.), c’est souvent encore plus agréable que d’en créer de nouveaux. Je connais peu de satisfaction écologique et économique aussi grande que celle de sentir que j’ai renouvelé ma garde-robe en recyclant des fringues avec style. Une grande jupe peut devenir une taie d’oreiller ou une housse de coussin fashion, une robe qui tombe mal peut devenir un top au gout du jour, tes jeans préférées effilochées dans le bas par l’usure deviendront tes shorts prefs; les options sont infinies, et souvent des manœuvres bien simples font des miracles. Toi qui ne trouves jamais rien à ta taille au Village des Valeurs, quand tu sais maitriser l’aiguille et son fil, pas grand-chose ne peut t’arrêter à avoir le fitting que tu veux.
Coudre, ça dépanne.
Un bouton qui lâche, un petit trou sur une couture, des manches ou un bas de pantalon à raccourcir… mine de rien, réparer soi-même nous sauve beaucoup de temps et d’argent!
Coudre, ça détend.
Je crois qu’on a tous à quelque part un artiste en nous, qui s’exprime de différentes façons, et que l’on ne doit pas contenir. Dessiner, peindre, tricoter, colorier, chanter, gratter sa guitare; toutes ces choses créent une bulle anti-anxiogène nous permettant de nous évader. Pour moi, coudre, c’est la même chose. C’est ma zone de création, mon espace de fantaisie. Avec un peu d’expérience et de créativité, pourquoi ne pas innover ses propres patrons? Dessiner aussi, ça relaxe.
Coudre, c’est accessible à tout le monde.
Si plusieurs métiers d’art requièrent des années d’inlassable pratique, en couture, je vous assure que les progrès se voient très rapidement; suffit d’y mettre un peu de temps, de cœur, et de minutie.
Le meilleur moyen de voir si on a la piqûre? Plusieurs cours de soir se donnent dans diverses institutions. À Québec, je vous propose vivement Les Étoffes de Maude, où, épaulés d’une couturière d’expérience et d’équipement de fine pointe, vous pourrez apprendre rapidement et dans le plaisir l’art indémodable de la couture.
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