Aujourd’hui, il est très rare que je me fâche parce que j’ai pété toutes les coches possibles quand j’étais ado. J’avais un mohawk blond su’a tête pis je criais dessus à ma mère quand elle me disait gentiment que passer la nuit sur Internet allait me rendre fatiguée le lendemain. Je claquais les portes tellement férocement que mes chats mourraient un peu à chaque fois. Heureusement, tout cela est chose du passé.
Mais une chose m’irrite au plus haut point, et là je prends la voix de Rogatien en serrant les dents pis le poing: les ostis d’imprimantes sales.
J’avais un mauvais ordi, genre un PC à 400$ du Best Buy, mais ma mère m’avait légué son imprimante qui fonctionnait à merveille. Disons que pour un ying de marde, j’avais un yang de fou. Ça balançait.
Au début, tout allait bien. Les centaines de feuilles imprimées sortaient dans un parfait état tels des croissants chauds qui jaillissent du four et je n’avais pas à souffler sur l’encre pendant 4 jours pour qu’elle sèche. Parfois, l’imprimante s’éteignait et se rallumait seule, ce qui m’effrayait un peu, mais je n’en ai pas fait un plat. C’est correct de faire des p’tites crisettes. La vie allait bien, les poules n’avaient toujours pas de dents et j’étais ben heureuse.
C’est par une journée froide d’hiver que la drame se produit. Alors que je désirais imprimer mes papiers d’impôts, la vilaine a décidé de me faire chier. Chier dans le genre d’une grosse diarrhée avec des gaz bruyants qui lèverait le cœur à un scatophile. Mes 20 pages s’étaient coincées en motton dans un endroit inatteignable et pas rapport de l’imprimante. Autant pas rapport que la fonction du coccyx, dont sa véritable utilité est de scorer des points au Scrabble. Pendant 30 minutes, j’ai gossé avec tous les instruments qui me tombaient sous la main : un crayon, mes ongles, une règle, un couteau. J’ai réussi à enlever quelques bouts de feuilles, mais rien pour déjammer la chose. Plus je m’efforçais à extirper le papier à grands coups de stylo Bic et de caliss sortez de d’là, plus j’endommageais mon imprimante.
Deux choix alors s’imposaient : me retirer ou combattre. Puisque j’ai toujours rêvé d’être un petit soldat de plastique vert dans Histoire de jouets, je suis partie à la guerre.
J’ai empoigné mon imprimante, je l’ai virée de bord pour la secouer sauvagement tels des maracas. Je lui ai assené quelques bonnes tapes sur le dessus en espérant que les feuilles sortent par elles-mêmes. Je lui ai également donné un bon coup de pied au cul, mais rien n’y a fait. J’étais à veille de la frencher pour l’amadouer…mais les 8 1/2 x 11 faisaient la sourde oreille.
N’ayant plus de munitions dans mon sac, j’ai joué le tout pour le tout (hey mickey, hey hey!).
Je l’ai garrochée dans le mur.
Ce qui n’a pas vraiment aidé à sa cause. Puisque le mal était déjà fait, j’ai arraché les derniers fils qui pendouillaient encore et je l’ai cruellement démantibulée (j’allais faire une joke de Luka Rocco Magnotta, mais je m’abstiens.). Je suis sortie hors de mon appartement et je l’ai lancée sur le bord du chemin. Même si c’était vendredi et que les poubelles passaient le dimanche.
J’ai gagné et elle a perdu.
Rest NOT in peace, imprimante de marde.