« Tu sais les Indiens? Hahahaha, ceux qui ne payent pas de taxes et qui boivent de l’alcool? »
J’ai eu mal en dedans. Mal au cœur, mal à mes valeurs, mal à mon être. Mal à ma naïveté face à l’intelligence et l’ouverture d’esprit de ma génération. Je l’avais déjà entendue celle-là et j’ai déjà entendu pire, mais c’était la fois de trop j’imagine, ou encore c’est ton rire trop profondément sincère qui m’a troublée. Sur le coup, je n’avais pas les mots. Seulement mon regard et de la tristesse, rage sage, contrôlée en dedans… et cet espèce de… pourquoi? Mélange d’incrédulité et d’aberration.
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J’ai beaucoup pensé, puis j’ai écrit :
Les Indiens, les peaux rouges, les sauvages… Le jugement transparait déjà par la façon dont tu nous nommes, le mépris s’est épris d’ignorance sans doute, mais je ne sais pas ce qu’il y a de pire dans cette chasse, le fusil ou l’homme? Nomme-moi comme tu veux, je sais qui je suis. Sais‑tu qui tu es? Pas toi, ni moi. Nul n’a mérité d’être traqué de la sorte et pourtant tu laisses ton ignorance violente passer la porte sans frapper. Mon corps, reculé sur un territoire de résilience, cherche le calme et la délivrance malgré les hurlements de tes chiens qui me traquent… Toi et ta bande avez choisi de vous attaquer à une bête blessée, et ça prétend fièrement représenter le futur de l’humanité… Un loup n’est jamais seul, vous devriez le savoir. L’ours n’attaque pas sans raison et prend soins de ses petits, vous voulez vraiment lui tendre un piège pour sa fourrure ? Une culture n’est pas un costume, comment oseras-tu l’enfiler pour parader? Celui à qui tu tends un piège ne mérite-t-il pas de passer de la vie au trépas, sans qu’on lui tire dans le dos. J’entends tes préjugés morbides et je prie pour que la nature te sorte de cette fausse éducation. Ne doit-on pas protéger ce qui est réservé, menacé de disparition? Pratiques-tu le déni parce que l’assimilation et l’extermination ne t’ont pas suffi? Ta mire enlignée à distance pour éteindre mes droits et mes protestations, tu vises mal. Des femmes disparaissent, sont violées et meurent, et vous faites des blagues sur la Loi sur les Indiens autour d’un feu? Abandonne ces barbaries, éduque-toi! Ce que tu sais de moi, ce n’est que l’ombre sur le mur de ta caverne, l’histoire déformée dans ces livres réformés, remodelée par la craie sur le tableau noir. Apprends d’où tu viens, d’où nous venons, qui a réellement dépecé qui, plutôt que comment démembrer quoi. Tes blagues de chasseur de tête me donne envie de ramener le scalp à la mode. La mode de la chasse que tu pratiques a déjà été mariée à la survie de nos ancêtres. Les tiens, les miens, les nôtres. Respect et tradition. N’emboite pas mes traces si tu ne veux pas te joindre à cette bataille, mais admets tout ce que j’ai parcouru et laisse ma forêt en paix. La chasse est un sport qui tue, mais veux-tu vraiment chasser comme ça?
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Des livres, des articles, des gens merveilleux, des causes (#StandingRock,#NotYourPocahontas), de la musique, de l’art… Il en a! Peux-tu nommer les 11 nations autochtones du Québec? Que connais-tu sur les Autochtones? En connais-tu des Autochtones? Mets-ça dans ta culture s’il‑vous-plait!
Par Aïcha N’diaye
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