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Journée mondiale de sensibilisation aux troubles alimentaires

Il y a des années de ça, j’ai fait un don – un énorme. On ne m’a pas donné de reçu, on m’a promis le bonheur de l’autre côté de tout ça, la satisfaction, mais sans aucune garantie, et sans limites. C’était un don de longue haleine, qui se faisait en plusieurs versements, jusqu’à ce qu’on considère que c’était assez. J’ai signé un contrat sans le lire, je voulais m’aimer.

Après des heures, des mois et puis des années de versement, la satisfaction tant attendue n’y était pas. Au contraire, l’insatisfaction grandissait sans cesse. Aussitôt que je croyais voir l’étincelle de ce que j’attendais, elle disparaissait dans la nature et on m’annonçait qu’il me restait quelques paiements à faire.

Il y a des années de ça, j’ai fait don de mon corps, de ma santé physique et mentale, au nom de ce que je croyais être la santé, la beauté, la satisfaction de soi. Il y a des années de ça, j’ai signé un contrat avec mon trouble alimentaire.

Ce que ça impliquait, c’était que j’allais me priver continuellement, attendre d’être satisfaite et n’en retirer que de la frustration. Que j’allais refuser des invitations d’amis, de ma famille, que j’allais m’isoler, pour ne manger en public pour rien au monde. Que j’allais mentir pour tenter de protéger les autres, en m’oubliant à chaque « oui, j’ai déjà mangé ». Qu’un jour, mon corps n’en pourrait plus de cette privation, et qu’apparaîtraient les crises de boulimie. Que je perdrais la carte le temps d’engloutir 3000 calories en 2 heures, juste avant d’aller gober 5-6 pilules laxatives. Que je me ferais toutes sortes de mélanges vomitifs. Que je ferais du sport jusqu’à en perdre conscience, où jusqu’à vomir.

Ça impliquait aussi de voir mes cheveux tomber, ma peau s’assécher, mon sourire disparaître. D’avoir constamment une autre moi dans ma tête, qui ne pensait qu’aux calories ingérées, aux manières de les brûlées – dans l’autobus, à l’école, dans mon lit.

Il y a des années de ça, j’ai signé un contrat avec mon trouble alimentaire. Au fil des ans, j’ai pensé que ce contrat était irrémédiable, que jamais je ne pourrais l’annuler, que les paiements allaient avoir raison de moi.

J’ai commencé toute seule, et puis j’ai eu besoin d’aide. J’ai eu besoin de gens autour de moi pour me soutenir, pour me dire que je n’étais pas seule, que ce contrat-là était le mien, et que je pouvais enlever mon consentement dès que je m’en sentais prête. Je l’ai enlevé, puis remis, puis enlevé, puis remis, mais je n’ai pas abandonné – les gens autour de moi ne m’ont pas abandonnée.

Ils ne m’ont pas toujours comprise – eux-aussi ont vécu de la frustration, de la tristesse, du malaise. Mais ensemble, ça a été possible. De retrouver un équilibre sain dans mon alimentation, dans ma relation avec mon corps, dans ma relation avec moi-même.

Il y a des années de ça, je me disais « folle » et « perdue ». Je croyais ne plus rien valoir, je me sentais et voyais trop grosse pour le bonheur. J’ai fait un petit régime, et puis un autre. J’ai pris une diet pill, et puis une autre – je faisais mes premiers paiements.

Aujourd’hui, je sais que mes yeux ne voient pas la réalité, quelle qu’elle soit, et que peu importe ce qu’elle est, mon corps est mon meilleur allié – il est fort, il m’est fidèle – si je l’y suis.

Aujourd’hui, le 2 juin, ce peut-être une journée comme les autres, mais sachez que c’est la journée mondiale de sensibilisation aux troubles alimentaires. Ça peut donc être une journée où vous décidez de faire le changement; d’ouvrir le dialogue à votre manière, de parler de l’importance de l’amour de soi, de faire un don en argent ou en temps aux organismes s’impliquant dans la bataille contre les troubles alimentaires. Ça peut aussi être une journée où les personnes atteintes décideront de s’ouvrir, d’enlever leur consentement, d’aller de l’avant avec le support disponible.

Aujourd’hui, faites une différence et combattez le stigma entourant les troubles alimentaires.

#WeDoAct
#AgissonsEnsemble

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Anonyme

Source photo de couverture

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