J’haïs la solitude.
J’ai jamais été « bonne » avec la solitude.
Même à petite dose. Même temporaire.
Je l’ai toujours redoutée, repoussée, évitée.
Y’a personne qui trippe sur la solitude, vous me direz.
Ben c’est encore drôle, je vous répondrai!
J’ai l’impression qu’autour de moi, le « alone time » est beaucoup plus apprécié, privilégié. Les gens s’imposent régulièrement des périodes de solitude totale, pour se ressourcer, connecter avec eux-mêmes et mieux se connaitre.
Mon cauchemar.
Tsé les retraites silencieuses dans le bois où tu parles à personne pendant 3-4 jours?
Ben j’admire vraiment ceux et celles qui vont là! Mais moi faudrait qu’on me paie cher pour que j’y aille!
En fait, après 2 jours, c’est sûr que j’entame une discussion animée avec le poêle à bois pis après 3, je demande l’écureuil le plus dominant d’la place en mariage!
Est-ce que c’est normal de penser virer folle à l’idée d’être seule 3-4 jours avec soi-même?
Je l’sais pas.
Peut-être que je me ferme à une expérience transcendante qui changerait ma vie. Peut-être que je ne me connais pas vraiment. Pas assez. Ou… peut-être que je me connais assez justement pour savoir que la vie est trop courte pour m’imposer une telle source d’angoisse. Que ce n’est pas une formule qui fonctionne pour moi et bla bla bla.
Cela dit, je ne la connais pas, la VRAIE solitude. La majorité d’entre nous ne la connait pas non plus. La vraie solitude de ceux qui vivent isolés toute leur vie. Ceux qui ont tout perdu, famille et amis. Ceux qui sont totalement reclus.
Aucune idée, niet, sweet fuck all, de ce qu’ils peuvent ressentir. Ça me rend très triste de penser à ça.
Pis en attendant, moi, le gros bébé de 32 ans, je panique à l’idée d’être seule pour une courte période de temps. Des fois, mon chum doit partir pour des contrats de quelques semaines à l’extérieur de la province pis… j’ai pas tant de plaisir. Rationnellement, ça va, je sais qu’il va revenir, que c’est ridicule, que ça va passer vite, etc. Mais j’ai quand même une boule en dedans. Je trouve ça triste une maison vide. J’ai toujours trouvé ça triste. J’anticipe le fait de rentrer chez nous et de trouver ma maudite maison vide.
Faut dire que la plupart du temps, je travaille seule, devant mon ordi, à la maison. Ça aide pas. Souper seule, me coucher seule, me lever seule, travailler seule toute la journée, resouper seule et me recoucher seule, juste ça, ça me déprime. Beaucoup. C’est con hein?!
Je dois avouer que ça arrive très rarement parce que je suis particulièrement bien entourée, mais dans ces cas-là, je sors dehors, je vais courir autour d’un parc, je regarde les gens pique-niquer, j’ai un eye contact avec une autre coureuse. Ou je vais m’installer dans un café, j’écoute les discussions, le brouhaha des voix et de la vaisselle, comme un buzz de réconfort. Sinon, j’ouvre la radio ou la télé chez nous, bruit de fond rassurant. Ça m’apaise.
Je me sens complète et vivante parmi les gens que j’aime.
C’est pas que j’ai besoin d’être entertainée constamment. Je peux très bien faire mes affaires, tranquille, lire un bon livre, être dans ma bulle… mais avec du monde pas trop loin. Sentir cette proximité possible.
C’est un peu pour ça que j’aime autant habiter en appart à Montréal. Être collés les uns sur les autres, ça ne me dérange pas ; au contraire, ça me rassure.
Vivre en campagne, dans une grosse maison, avec le plus proche voisin à 1km, c’est pas pour moi pantoute.
Aller dans un chalet avec mon chum ou 2-3 amies : Yessir!
Ce même chalet, seule : Nop!
Je sais pas exactement d’où vient cette aversion pour la solitude. De mon enfance unique, peut-être (j’ai un demi-frère plus vieux, mais on n’a pas habité ensemble). Ou du fait que, jeune, je n’avais pas beaucoup d’amis, probablement.
En fait, jusqu’en secondaire 3, j’avais une seule vraie amie (qui l’est encore aujourd’hui d’ailleurs, allô). J’avais pas de gang. J’étais pas cool. J’étais… transparente. Mes parents faisaient leur possible pour me divertir, je leur en serai toujours reconnaissante, mais I guess que je me suis sentie seule quand même.
Pis le vent a tourné. Je sais pas si je suis devenue plus belle, plus drôle, plus fine, moins awkward, mais j’ai commencé à avoir plein d’amis. Je les accueillais tous et les retenais jalousement. Comme une petite fille qui n’a jamais eu droit au sucre et qui entre dans un magasin de bonbons. J’avais peur de les perdre. Que ça s’arrête. J’ai entretenu ces amitiés comme la prunelle de mes yeux. J’y ai mis effort et énergie au fil des années. Je les ai presque tous gardé. Yé!
Aujourd’hui, à 32 ans, je ne manque jamais de temps pour mes multiples amis, pour mon chum, pour ma famille. Je leur donnerais tout mon temps en fait. Ça peut paraitre épuisant pour certains, pathétique pour d’autres, mais moi ça me nourrit. Je grandis et me découvre à travers eux.
Et j’haïrai probablement toujours la solitude.
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