C’est comme comme ça qu’on sait si on est en amour, chantait Dédé. Devant la vitrine du café où l’on s’était donné rendez-vous, je fredonnais cette chanson, curieux de croiser ton regard, d’échanger nos premières salutations et quelques rigolades si la bonne humeur devait nous réchauffer le cœur. N’ayant pas répondu à ton dernier texto – je sais, je n’ai plus de cellulaire depuis quelque temps, et je sais, sur Messenger, ce n’est pas un vrai texto! -, je saurai plus tard que tu souhaitais obtenir confirmation de ma présence avant de te déplacer. Tu es venue quand même, avec hésitation, le hasard parfois; et moi, avec l’intention de pouvoir dire un jour : je t’aime, tout court.
L’hiver est même pas sûr de lui, et nous aussi, on a fait comme lui. Tu as pris le chocolat, j’ai pris le cappuccino; je suis caféinomane, tu préfères la douceur sucrée. Que cherchions-nous, en cette soirée froide du mois de janvier? Peut-être le trouvions-nous sans même le chercher; toi et moi, sans devoir l’expliquer. En voyant ton visage s’illuminer d’un sourire, j’ai pris la mesure de tous ces moments où j’aimerais encore voir tes yeux verts briller. Si j’ai vécu autant de vies qu’un chat, j’en ai aussi rapporté une intuition tacite, une intuition qui venait confirmer la noblesse et les promesses de mes intentions.
Dans le fond, l’hiver, c’est mon ami, parce que je pèse toujours le pour et le contre de chaque situation; ai-je plus à gagner qu’à perdre selon les choix que je ferai. Parfois, la ligne est si mince entre les deux que je laisse trop souvent le destin choisir à ma place. Expiai-je sine qua non la responsabilité de mes actes, j’aurai plutôt la volonté de m’imposer une réflexion exhaustive, tantôt intempestive, aussi honnête soit-elle. Avec toi, tous ces instants de bonheur que je pourrais perdre, je les aurai d’abord gagnés puisque nous les aurons créés à notre image, nous les aurons vécu sans compromis. Et s’il faut d’abord savoir gagner pour apprendre à perdre, je suis prêt à tout miser. Je connais ton cœur et tu connais le mien, que je ne baisse ma garde que devant le tien.
Ouais ben, l’amour, la mort pis toute, c’est vrai que j’ai peu de réponses à y donner. Tout ce qui compte à mes yeux, la sérénité que je retrouve dans chacune de nos étreintes, je ne sais l’expliquer que dans nos caresses et nos regards complices; dans cet éphémère, aimer et l’être en retour demeure encore le plus précieux des présents. Et si tout est éphémère, je choisis de l’être avec toi.
N.D.L.R : Les passages surlignés en italique sont tirés de la chanson Le répondeur de l’album Dehors Novembre des Colocs. Comme quoi, même les cœurs frettes peuvent être réchauffés.
Par Simon Guérard