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Je suis jalouse des autres femmes – Par Noémie Rousseau

J’ai beau me dire que moi aussi j’ai des atouts qui font mon charme, mais chaque fois que je vois une fille vraiment belle, je me permets de l’envier jalousement du coin de l’œil. Est-ce que ça fait de moi une mauvaise personne? C’est comme l’autre jour où j’ai dit à mon amie en riant que si elle dormait chez moi ce soir-là, j’allais lui couper les cheveux parce qu’ils sont trop longs et brillants et parfaits. Je crois qu’elle a eu peur, parce qu’elle n’a pas dormi à la maison. Je suis d’ailleurs le genre de fille qui s’abonne à plein de fashionistas sur Instagram pour m’inspirer de leur look, pour finalement le regretter une journée où je ressemble à Gollum, vêtue d’un jogging pis d’un chandail taché de teinture à cheveux. Non, mais c’est impossible d’avoir un trait de eye-liner parfait chaque jour, d’avoir les cheveux qui sont jamais gras, un rouge à lèvres impeccable durant 12 heures, pis une garde de robe digne de Barbie. Je veux dire, même Barbie doit être jalouse et ça, c’est sans compter les innombrables selfies que je vois sur Facebook de filles à la peau plus que parfaite et qui me font douter de mon hygiène faciale quand je passe deux heures à me péter les points noirs sur le front et sur le menton. J’ai beau boire quatre litres d’eau par jour pis utiliser une crème de jour, de nuit, un exfoliant, un désincrustant, des masques pis tout le tralala, reste que j’ai tout de même des imperfections. Fait que, dans ce temps-là, pour me remonter le moral, je fais une petite recherche Google : Star without makeup, pis après je me sens mieux. Bon, bon, je sais, je suis pas correcte de réagir comme ça, je devrais plutôt me concentrer sur le positif et non sur mes petits défauts, mais on se le cachera pas, parfois, ça fait du bien de se réconforter en se disant qu’on n’est pas toute seule dans nos petits désastres du quotidien de la vie.

Nous les femmes, nous sommes faites ainsi, je peux pas croire qu’aucune d’entre vous n’a jamais eu une pensée de jalousie pour une personne du même sexe que vous. Par exemple, la fille à deux bancs du mien dans l’autobus 113 qui avait une manucure digne d’une publicité de Sephora. Je la jalousais énormément parce que moi, la dinde, ça m’avait juste pris une heure à essayer de tasser mes cuticules sans chialer, les limer et me colorier les ongles d’un centimètre de long pour finalement tout crisser ça là parce que je me suis accroché le pouce pis le majeur dans le cadre de porte et qu’à cause de ça, j’ai l’air d’avoir les doigts boudinés avec un motton de brillant métallique aux extrémités. J’avais tous les droits du monde d’être jalouse. Le truc, c’est qu’à force, je me suis rendu compte que je l’avais trop souvent ce petit réflexe « envieux » à l’égard d’autrui.

Quand je sors de chez moi, je ne peux m’empêcher de regarder les autres belles femmes autour de moi et de ressentir un complexe d’infériorité. C’est vrai quoi, on se le cachera pas, on se dit toutes dans notre tête, malgré nous, que cette fille-là, elle est plus belle que nous

« J’aimerais avoir sa couleur de cheveux, je voudrais pouvoir porter son chandail, mais j’ai pas la taille qu’il faut, elle a des grosses fesses, pourquoi moi j’en ai pas? Je voudrais avoir une ligne de sourcil comme elle ».

Ce sont des remarques futiles et sans intérêt, mais qui, peu à peu s’enracinent dans nos pensées et brouillent la perception que nous avons de nous-mêmes, chaque fois qu’on se regarde dans le miroir. C’est si facile aujourd’hui de se comparer, de vouloir être comme elle, ou elle, qu’on finit tristement par se sentir mal dans notre peau.

Juste comme ça, entre vous et moi, combien de fois vous êtes entrées dans un bar ou un restaurant rempli à craquer et que vous vous êtes senties observées et automatiquement vous vous êtes dit « ok, j’me sens vraiment pas à ma place, j’fais vraiment dur comparé aux autres ». Pourquoi notre pensée n’aurait pas été plutôt : « Je dois être belle si on me regarde »?

Ce n’est pas normal de ne jamais se sentir à la hauteur, de toujours vouloir ce qu’on n’a pas au lieu de ne pas profiter de ce qu’on a. Au fur et à mesure, une partie de notre estime de soi s’envole pour chaque critique qu’on fait envers nous même aux dépens d’une personne que l’on croit plus belle, tandis qu’autrement, on pourrait placer cette énergie dans quelque chose de plus valorisant pour laquelle on serait fière.

Alors, je me suis promis que j’essayerais désormais de focaliser sur ce que j’aime chez moi, pour me défaire tranquillement de ces pensées négatives qui pourrissent à petit feu ma confiance et laisser place à l’amélioration. Personne n’est parfait, même ceux qui en ont l’air. Tout le monde a leurs p’tites bibittes, leurs petits complexes et ce, même si j’échangerais volontiers mon corps avec le leur. Je suis persuadée que Kate Upton (la femme la plus sexy du monde) se trouve également moche, de temps à autre.

Donc, pour débuter la nouvelle année du bon pied, je me suis fait une résolution, je vais continuer d’envier les autres filles, mais je vais également envier la fille que je vois dans le miroir tous les matins. Qu’est-ce que vous en dites?

Un esprit sain dans un corps sain, rien de plus beau qu’un cliché comme celui-ci pour débuter la fin de semaine ?

 

Alexe Raymond, réviseure, raymond.alexe@gmail.com

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