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Je pense que je pense trop

J’ai toujours trouvé que je pensais trop. Je me prépare plus que je le devrais. J’aime pas ça les surprises : j’aime mieux être prêt à toute éventualité, j’imagine tous les scénarios et tous les outcomes possibles. Je considère chaque détail et chaque petite chose.

D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours dealé avec cette partie de moi qui était constamment nerveuse, constamment inquiète. C’est tellement lourd par moment. Surtout que je suis du genre à tout garder pour moi-même. Je ne fais pas confiance facilement, ça me prend du temps avant de m’ouvrir et c’est dur parce que c’est rien de personnel envers personne. Pis c’est pas tout le monde qui comprend ça.

Quand je suis trop dans ma tête, on dirait que tout peut m’affecter et me mettre à terre. Ça peut être juste regarder les nouvelles et être découragé du monde dans lequel je vis. Ça peut être penser à tout ce que j’ai à faire ou à tout le chemin que j’ai à traverser avant d’en arriver où je veux vraiment être. Parfois, ça peut être un client bête à la job.

Mais la plupart du temps, c’est une accumulation de plein de choses pis c’est comme s’il y avait le poids du monde au complet sur mes épaules. Ça devient beaucoup, ça peut même m’empêcher de dormir, de me concentrer; de fonctionner dans le fond.

Les derniers mois ont pas été faciles pour moi, mais je m’en remets lentement. Mais il y a quelques semaines, je me suis dit qu’avec l’université qui commençait, je pouvais pas me permettre d’être constamment sur le bord de m’écrouler (même si je l’ai déjà dit : c’est correct d’être à terre parfois).

Donc je suis allé chercher de l’aide et on m’a appris que ce que je vivais, c’était de l’anxiété.

Qu’elle soit diagnostiquée ou pas, elle peut devenir tellement handicapante. On vit tous des moments de stress, mais c’est quand le stress est constant que ce n’est pas normal. Et c’est important d’aller chercher de l’aide, des ressources et des moyens pour que ce soit moins lourd pour nous.

C’est un apprentissage constant, pas facile, mais à force, ça fonctionne. T’apprends à en prendre et en laisser. Tu dois te dire parfois qu’il y a des trucs qui sont hors de contrôle; tu dois te dire parfois que le pire qui peut arriver, c’est que ça se passe pas comme tu aurais voulu; tu dois te dire que t’as toujours une chance de recommencer.

C’est un peu comme reprogrammer son esprit à laisser aller certaines choses et apprendre à respirer un peu plus. On m’a dit quelque chose qui est resté avec moi : l’anxiété est une réaction normale à un environnement qui ne l’est pas.

La vérité c’est que le monde dans lequel on vit n’est pas toujours beau ni facile et qu’on vit dans une société où il y a de la pression qui vient de partout. Mais la seule pression que tu as vraiment, c’est celle que tu acceptes de prendre.

Parles-en de ce que tu ressens, de ce que tu vis et de ce que tu penses. Que ce soit à un ami, à de la famille ou à un professionnel : tu déranges personne, c’est promis.

Oui, on vit dans un monde qui est capable de nous briser encore dix fois d’ici lundi.

Mais vas-y, va la chercher ton aide, développe-toi des trucs, va prendre une marche, prends un bain, prends ta journée off, écoute de la musique ou regarde un film. Prends ton temps. T’es capable de flotter et être léger, t’es capable de te fatiguer moins facilement.

Prends ça une chose à la fois, un jour à la fois. Prends donc soin de toi.

Crédit photo: Martin Dufresne

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