Je viens de raccrocher avec ma maman au téléphone. À ce même moment, mon iPod en mode aléatoire choisit de sélectionner Wish You Were Here de Pink Floyd. Je souris, en me disant que c’est un sapristi de bel adon puisque si y’a une chanson dans tout l’univers qui m’évoque le sourire de ma mère c’est bien celle-là. On a jasé 1 heure même si on se parle pratiquement tous les jours. On a ri, on s’est questionné, on s’est dit qu’on s’aimait et elle m’a avouée avec son grand tact et sa franchise (que j’adore) à quel point le garçon que je fréquente « c’est du niaisage pis flush moi ça ». Une vraie thérapie téléphonique.
Oh ma p’tite mom.
En fait non : elle est grande et se tient debout depuis longtemps.
Pour faire une histoire courte, nous, on est une famille de deux.
Sans monsieur. Je n’ai jamais vu monsieur et ça ne se produira pas non plus.
Cependant, lorsque dans une conversation j’insère le fait que ma mère est monoparentale, j’ai souvent droit à un regard de semi-pitié-malaise-je-ne-sais-pas-quoi-dire-c’est-triste.
Sauf que détrompe-toi. Y’a du beau aussi, pas seulement du noir.
Je suis consciente que c’est pas facile pour tout le monde qui le vit, mais je trouvais important en 2015 de souligner le fait que la monoparentalité, ce n’est pas que la fatalité.
Je n’ai pas eu de questionnements existentiels sur mon géniteur, je connaissais ce que j’avais à savoir et pour moi, c’était ben correct comme cela.
J’ai pas eu un manque de figure masculine, du moins ça ne m’a jamais traversé l’esprit.
Il y avait une femme qui comptait pour deux et bien plus.
Sauf qu’on va pas se conter des mensonges non plus.
J’ai vu ma mère rusher. S’efforcer de joindre les deux bouts (et trouver ça ardu). Espérer une oreille attentive pour la rassurer lorsqu’elle était hésitante quand venait le temps de prendre certaines décisions. Ne trouver personne pour venir me chercher à la garderie lorsque son patron lui demandait de rester plus tard. Aller aux cours prénataux et revenir en pleurant parce que y’a aucun monsieur pour aider à faire les exercices avec ta grosse bedaine qui vient de chambouler ta vie.
La nuance est là : être un parent monoparental, qu’on soit une femme ou un homme, c’est laborieux, délicat, exigeant. Sauf qu’on oublie parfois de souligner que crime, ça peut être beau, solide, puissant et tellement enrichissant.
Une famille, ça se tient par l’amour que chacun des membres porte à l’autre, pas seulement sur un chiffre.
Merci Mimi pour nos voyages qui m’ont tellement appris. Merci aussi pour ton écoute indispensable, ton courage qui m’émeut, ta pensée à laquelle j’aspire.
Je suis si fière de toi, particulièrement d’être ta fille et de clamer haut et fort que notre famille à nous : c’est nous deux.
« Maman, je t’aime beaucoup. »
« Gaëlle, l’amour ça se quantifie pas, on aime c’est tout. »
Alors : je t’aime.
Caroline Prud’homme, réviseure.