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J’ai le goût de me crisser dans l’eau

Le passage d’Hubert Lenoir à Tout le monde en parle a fait couler beaucoup d’encre depuis dimanche. Ses propos, que certains qualifient de « controversés », ont permis d’ouvrir la porte à un sujet tabou : le suicide. Je ne suis pas une psychologue. Je ne suis pas une fille super engagée non plus. Le suicide n’est pas un sujet avec lequel je suis très familière. Pourtant, cette entrevue m’a bouleversée. Après la diffusion de l’émission, j’ai eu besoin d’écrire sur le sujet. J’ai senti le besoin de répondre à Hubert, de répondre à Guy A. Lepage. J’ai eu envie de donner une voix à toutes ces personnes qui vivent avec un mal-être au quotidien. Sans barrière, sans retenue, j’ai écrit ces mots.

« J’ai un peu le goût de me crisser en feu, ces temps-ci. »

Pourquoi tu dis ça.

« C’est un sentiment… je ne sais pas. »

Ça ne se dit pas, des choses comme ça.

J’aurais aimé être à ses côtés. J’aurais aimé lui tenir la main et trembler à son rythme. J’aurais aimé avoir une voix, ce soir-là. J’aurais parlé de cette façon : « Je comprends. Je comprends le sentiment. Non, je n’ai pas le goût de me crisser en feu. Peut-être à cause de l’image de ma peau qui brûle. De l’odeur. J’y pense et j’ai la chair de poule. Non, je préfère l’eau. L’eau dans mes narines. L’eau dans les poumons. Parfois, j’aimerais sombrer dans l’immensité d’une eau bleu sombre, me laisser engloutir par la profondeur de l’infini. Parce que j’aurais alors une raison de ne plus trouver mon souffle. Une raison de ne plus respirer. »

Je me serais tournée vers l’animateur et j’aurais dit : « Je ne vous en veux pas. Ce n’est pas vous. C’est la société, les gens. On a enfermé le suicide derrière une vitre de glace. On ne doit pas en parler. Oh non, surtout pas! Il ne faudrait pas encourager un jeune homme à prendre le couteau à viande de sa mère et à s’ouvrir les poignets sur le carrelage de la cuisine. Il ne faudrait pas prendre le risque que notre sympathie puisse faire du bien à une personne en détresse. Non, je ne vous en veux pas. Comment voulez-vous qu’on soit outillés pour accueillir le murmure d’une personne en peine? On ne peut pas en parler. On ne doit surtout pas en parler. Laissons mourir nos enfants sous les fondations de béton des viaducs en carton. Laissons-les pleurer derrière le grillage de nos impôts trop élevés et des subventions agricoles. Ne parlons pas de la souffrance, d’un coup qu’elle existerait pour de vrai. Ne parlons pas du tourment et il disparaîtra au même rythme des cordes qui se raidissent. Ainsi, nous pourrons dire que nous ne l’avons pas vu venir. Que ce n’est pas notre faute. Non, c’est la faute de personne. »

Nous avons une responsabilité en tant que société. Nous avoir le devoir de tendre une main à notre prochain. Ensemble, nous avons la capacité de venir en aide à nos voisins. Mais pour ça, nous devons en parler. 

Hubert, j’ai le goût de me crisser dans l’eau, ces temps-ci.

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Par Béatrice St-Pierre

Crédit photo: Karine Dufour

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