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J’ai eu la chienne de ma vie – Par Noémie Rousseau

Dans la vie, j’ai constaté qu’il y a deux catégories de personnes : les sceptiques et les « croyants », si on peut les appeler de cette façon. En termes de croyants, je parle de gens qui, comme moi, ne se limitent pas aux phénomènes des lois naturelles reconnues scientifiquement, car ils ont plus tendance à croire à des théories qui n’ont aucun lien avec la science, parce que l’univers c’est vaste, mystérieux et clairement, ça doit regorger de trésors dont on ignore encore l’existence aujourd’hui. Cependant, il y a les sceptiques qui eux, préfèrent s’en tenir à ce qu’ils connaissent, à ce qu’ils peuvent expliquer et bien entendu, à ce qu’ils peuvent prouver. Généralement, ce sont eux qui se foutent de moi lorsque j’essaie de leur faire comprendre que c’est évident qu’il y a des choses que même les scientifiques ne peuvent expliquer, par exemple les fantômes, les monstres marins ou bien… les extraterrestres.

Mon amie habite loin. Très loin. Le genre de loin qui t’empêche de commander de la bouffe parce que le livreur ne se rend même pas là. Pour qu’il vienne, il faudrait lui laisser au moins 30 piastres de tip et à ce prix-là, on fait 30 minutes d’auto et on va la chercher nous-mêmes, la pizza. Moi, malgré qu’il se faisait déjà tard, j’avais envie de la voir mon amie de la campagne, celle qui vit avec les vaches et les chevaux. Je suis donc partie un vendredi soir, accompagnée de ma Yaris de feu, direction petit-village-perdu-de-15- habitants, quelque part entre l’autoroute 20 et le trou de l’univers, dans l’espoir de passer une belle soirée.

Jusqu’à maintenant, la route se passe bien, c’est sûr qu’avec du Sheryl Crow dans le tapis, rien ne peut m’arriver. All I wanna do is have some fun c’est vraiment LA meilleure toune pour chanter à tue-tête, surtout quand il n’y a pas un chat. Pour une fois que j’ai pas l’air d’une fuckée* qui chante toute seule, comme si j’allais participer à une audition de la voix, faut ben j’en profite. Après avoir écouté ses meilleurs succès, je plonge dans mes pensées et je me remémore l’émission qui jouait en background chez mon voisin l’autre jour à Canal D. C’est quoi déjà?… Ah oui… Bizarre ou quoi…? Même quand je le dis dans ma tête, je ne peux m’empêcher d’avoir le même ton de voix que l’animateur (Capitaine Kirk, pour les plus intimes). Je me rappelle qu’entre deux bières, j’avais cru comprendre qu’un couple avait été soit disant enlevé par des extraterrestres lorsqu’ils marchaient sur un chemin de campagne. Je trouvais ça étrange, je crois à ça, mais je ne suis pas certaine que les petits bonhommes verts risqueraient de se mettre dans le pétrin juste pour se faire du fun quelques heures avec des humains, ça serait trop risqué pour eux. Je m’imagine très bien revenir à la maison et me faire demander qu’est-ce que j’ai faite aujourd’hui. Moi? Ah! Pas grand chose, je me suis fait kidnapper par E.T pis ses chums, mais inquiétez-vous pas pour moi, sont ben fins, on a fait le party un peu pis ils sont allés me reporter chez nous après, on s’est même échangé nos numéros.

Selon moi, il y a des histoires à reconsidérer et il y a des personnes qui veulent simplement passer à la télévision malheureusement. Le témoignage du couple, je n’y crois pas. Ceci dit, cette réflexion bidon m’incite inconsciemment à jeter un coup d’œil en l’air, question de me rassurer. Le ciel d’avril n’apporte rien d’exceptionnel si ce n’est qu’un lot d’étoiles scintillantes et claires qui fait briller la nuit. Parmi elles, une retient mon attention. Elle est rouge. Probablement un satellite, mais je continue de le fixer. Bon, je l’avoue, je suis tombée dans la lune. Ok je dégèle. Plus j’approche, moins ça a l’apparence d’un satellite. Ça y est, c’est un avion qui se crash d’urgence sur le chemin pis moi la belle dinde, je me rappelle plus d’aucune technique que j’ai apprise dans mes cours de premiers secours et tout le monde va mourir par ma faute. Je stress. Je continue d’avancer et je ne quitte pas du regard l’avion en haut, qui de ce que je vois, reste immobile. J’enlève donc cette possibilité.

Je suis désormais assez près pour remarquer la forme triangulaire de l’engin dont la lumière rouge est au centre et qui illumine sa structure plate de couleur charbon. C’EST QUOI CA??

Je ralentis. Je roule maintenant à 40 km/h sur l’autoroute. Je m’arrête ou je continue? Stop, stop ou… encore…

Je le vois dans mon rétroviseur, si je ne freine pas maintenant, jamais je pourrais savoir de quoi il s’agit et je vais avoir l’image dans ma tête pour l’éternité… du moins, pour un bout. À moins que je découvre le mystère maintenant pour que je puisse passer à autre chose.

Je freine sur l’accotement, en plein milieu d’un champ séparé en deux, toute seule, avec un vaisseau pas loin au-dessus de ma tête. Je me mets sur les quatre flashers et je sors. C’est gros. Ce n’est pas le genre de chose que je vois souvent, excepté à Canal D. Le témoignage peu crédible du couple me revient en tête et je me mets à avoir vraiment peur et même d’y croire un peu plus. C’est surtout le fait que je suis toute seule qui m’angoisse, et que si je disparais, personne ne va réellement connaitre la vérité. Y’a pas juste le trafic humain. C’est un ovni c’est certain. Je suis témoin d’une apparition d’un vaisseau spatial et j’ai personne comme preuve à l’appui, personne ne va me croire et si je m’en sors, tout le monde va se foutre de moi. Tout d’un coup qu’ils décident de m’enlever moi aussi? De m’examiner? De me rentrer une sonde vous-savez-où? Ou pire, qu’ils me clonent? Je rentre dans ma voiture, peut-être que la lumière rouge va m’aspirer? Je barre les portes. Je compose le numéro de téléphone de la seule personne au monde qui va probablement me croire et ne pas rire : Mon père.

Ça sonne.

Il décroche.

Il y a de l’interférence et des bruits de radio mal syntonisés.

— Pa, c’est No, écoute papa tu vas jamais me croire, mais j’suis sur que y’a un ovni dans le ciel drette là là, je le vois! J’sais pas quoi faire!

— Ah! Ah! Ah! Ah! Ah! T’as tu pris de la drogue?

— NON JE SUIS EN TRAIN DE T’EXPLIQUER QUE JE VAIS PEUT-ÊTRE MOURIR PIS C’EST ÇA QUE TU ME DIS?

— Beeeeeen non! Va te coucher, ça va passer.

J’ai raccroché, fâchée.

J’ai pris la prochaine sortie et j’ai fait demi-tour, tout en fixant de loin l’ovni. Je n’ai plus envie de voir mon amie. Je suis traumatisée. J’ai roulé à 60 km/h jusqu’à chez moi et je n’ai pas dormi de la nuit. J’ai regardé des vidéos d’extraterrestres sur YouTube en me rappelant parfaitement de ce que j’avais vu dans le ciel. Pourquoi c’est moi qui ai vu ça? Est-ce que je suis l’élue de quelque chose? Oh mon doux seigneur. S’ils m’avaient enlevée et qu’ils ont tout simplement effacé ma mémoire après avec la lumière, comme dans Men in Black? Peut-être qu’il va m’arriver la même chose que dans Smallville?

Peut-être aussi que j’écoute trop la télé.

Le lendemain, j’en ai parlé à toute la famille, qui ne m’a pas crue, évidemment, alors j’ai décidé d’envoyer un message à Ovni-Expert, en leur expliquant ce que j’avais vu la veille. J’ai vite reçu un courriel.

Bonjour Noémie,

Merci de nous avoir envoyé votre observation. Vous avez été témoin de ce qu’on appelle un Triangle noir, un ovni assez fréquent, mais toujours

spectaculaire.

On pense qu’il pourrait s’agir d’un appareil terrestre classé secret, car ils ne sont visibles que le soir. Mais aussi longtemps qu’on ne peut l’identifier, ça demeure un ovni. La description que vous donnez surtout

avec la lumière rouge au centre ne ment pas.

C’est la deuxième observation d’un Black Triangle que nous recevons dans
les deux dernières semaines. Encore une fois merci et n’hésitez pas à nous contacter si vous avez des
questions.

Un black triangle. Durant 48 heures, ma vie s’est résumée à un Black Triangle. Un vaisseau de « simple humain », qui m’a foutu la chienne en plein milieu de la nuit. Bravo Guys, votre maudit drone, ça vous tentait pas de le mettre AILLEURS que sur l’autoroute, à la vue de tous? J’aurais mieux dormi cette nuit-là… On peut dire que celle-là, mon entourage l’a bien ri.

Ah oui, j’oubliais… J’ai filmé la « lumière rouge » avant d’appeler mon papa. Si vous regardez mon œuvre, sachez pour ma défense, que mon vocabulaire est plus riche dans mon quotidien, c’est juste que, des fois, quand on est sous le choc… Bref, c’est honteux.

Pour rire de ma gueule, le lien est ICI.

Bonne fin de semaine les crépues et n’oubliez pas, la vie est parfois, bizarre… ou quoi?

Alexe Raymond, réviseure, raymond.alexe@gmail.com

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