S’il y avait une chose que je pensais ne jamais vivre, c’est bien le harcèlement sexuel. Parce que je pensais tout simplement avoir un caractère assez fort pour savoir dire stop, pour savoir comment faire comprendre à quelqu’un qu’il m’envahit. Mais non, ce n’est pas une question de faiblesse ou de force.
Pendant quelques mois, j’ai vécu des situations gênantes au travail, des sous-entendus, des propositions indélicates, et je n’ai pas tout de suite su dire stop. J’ai subi, pensant que ça allait passer, puis ensuite que ce n’était pas si grave. La troisième étape était simplement celle du « si j’en parle, on va juste penser que je mens ». C’est triste d’imaginer que personne ne te croira et de garder ça pour toi.
Puis un jour, j’ai fait une crise de panique après des propos glissés dans le creux de mon oreille. J’ai pleuré, j’ai tremblé, j’ai essuyé mes larmes, et je suis retournée à mon poste pensant passer inaperçue. Malheureusement, d’une nature plutôt joviale, mon collègue a vite remarqué que ça n’allait pas et m’a poussée à me confier. Plus tard, j’apprenais au cours d’une discussion que mon harceleur avait simplement déclaré que je mentais, et l’histoire avait été étouffée.
À ce moment précis, je n’ai pas forcément réalisé que cette histoire allait me marquer. Et que d’autres allaient s’en mêler. Heureusement pour moi, la direction a pris l’affaire en main quelques mois plus tard. Maladroitement, mais a sanctionné cet homme.
Je me demande encore ce qui a été le plus difficile… Me sentir impuissante, passer pour une menteuse, ou devoir prouver que je disais la vérité à différentes personnes. Ou encore, les regards.
Ce sentiment de culpabilité d’avoir dénoncé quand je devrais juste me sentir fière d’avoir eu le courage de le faire. Je ne sais pas encore quoi tirer de cette histoire. Suis-je plus forte ou plus réaliste quant au monde qui m’entoure?
Si vous vivez ce genre de situation, même simplement des regards insistants, parlez-en. Non seulement pour vous, mais pour les autres qui subissent peut-être des paroles ou des gestes déplacés. Racontez votre mal-être, pleurez s’il le faut, protégez-vous tant que vous pouvez le faire.
Ne vous sentez pas obligé de raconter 4 fois les faits comme j’ai dû le faire. Refusez les choses qui vous mettent mal à l’aise. J’ai moi-même refusé une médiation avec mon harceleur, simplement pour tenter d’oublier cette histoire. Mais j’ai demandé une lettre d’excuse.
Certains ne vous croiront pas, minimiseront les faits, mais vous êtes le ou la seul.e à pouvoir juger de ce qui est bon ou mauvais pour vous. Si quelqu’un vous oppresse ou non. Ne laissez personne vous harceler, de quelque manière que ce soit.
Anonyme