Au début de l’année 2016, on m’a souhaité une panoplie de choses que l’on souhaite tout le temps à tout le monde. Je me rappelle même les mots précis de quelqu’un que j’affectionnais bien : « Laurie-Anne, cette année, je te souhaite la santé. Parce que quand on a la santé, le reste vient tout seul. »
J’ai pris ma santé pour acquise toute ma vie. Les malheurs, ça n’arrive qu’aux autres, de toute façon. Je la souhaitais aux gens, sans même vraiment me rendre compte de mes mots, de l’importance que ça avait. Sauf que cette année, pour la première fois de ma vie, je n’ai pas eu la santé. J’ai passé les trois premiers mois de 2016 en allers-retours réguliers entre mon lit et l’hôpital de Jonquière. En résumé, j’ai été pas pire malade, pas mal tout le temps. Au même moment, comme je connaissais de grands changements dans ma vie (dont la fin d’une technique au cégep), j’ai été prise de panique et je me suis retrouvée devant un mur. Qu’est-ce que j’allais faire de ma peau? Dans ma tête, il fallait que je me branche, pis vite à part de ça. Je me suis donc inscrite à l’université sur un coup de tête, dans un programme dont j’avais entendu de bons commentaires et qui me semblait assez cool. Au fond, c’était mieux que de ne rien faire pantoute, non? Ben non, justement. C’est ça, le problème. Je me suis rendu compte que j’étais pas du tout prête à recommencer un programme d’études pour deux raisons :
Premièrement, j’avais clairement besoin d’un temps de pause après l’année médiocre qu’il m’a été donné de vivre. J’avais été malade physiquement ET mentalement parce que je m’en étais mis beaucoup trop sur les épaules et que, malheureusement, je n’étais pas capable d’en prendre autant. Est-ce que je voulais réellement me lancer tout de suite dans une nouvelle aventure qui me demanderait beaucoup d’énergie, en plus d’exiger que je déménage loin de chez nous? Non, pas tant. Pas tout de suite. Je voulais prendre le temps de me remettre totalement, puisque je sais maintenant à quel point la vie est fragile. Je voulais prendre le temps de faire autre chose. J’étais entièrement consciente d’avoir agi sur un coup de tête, et j’ai pris la décision d’annuler mon entrée à l’université lorsque mes proches m’ont fortement conseillée de le faire. Quand même ton médecin de famille trouve que tu y vas un peu fort un peu trop vite, tu te remets en question.
Deuxièmement, moi, ça ne me tentait pas de rentrer dans le moule. J’ai décidé que le mode de vie que je m’étais moi-même imposé ne me plaisait plus, que ça me tentait plus ou moins de faire ma vie en suivant la ligne bien définie que tout le monde suit. J’ai eu le goût de prendre mon temps. L’opinion des gens sur ce sujet est très divisée. D’un côté, il y a ceux qui trouvent ça donc bien merveilleux de prendre le temps de partir, de se chercher et de se trouver. Ce sont ceux qui clament haut et fort que la connaissance ne réside pas principalement dans la scolarité, mais que l’école de la vie a encore bien plus à nous offrir. De l’autre côté, on retrouve les gens qui ne comprennent pas ça, eux, qu’on puisse avoir besoin d’une pause. Dans leur tête, la vie, ça se vit de A à Z. Pourquoi faire ça lent quand on peut faire ça vite? C’est correct aussi de penser comme ça. À chacun sa façon de faire, sauf que j’ai dû apprendre à dealer avec les avis contraires au mien. Moi, j’ai le goût de voir le monde pendant que je suis encore jeune. J’ai le goût de faire des rencontres, d’apprendre toujours plus avant que ma vie soit casée. Je garde le retour à l’école pour plus tard, dans un programme qui va me donner envie de me lever chaque matin pour aller étudier, dans une ville pas trop éloignée de la mienne, parce que j’haïs ça, être loin.
Ça fait que j’ai rangé mes cahiers ainsi que mes crayons pour l’année à suivre, puis je me sens vraiment très soulagée depuis que je l’ai fait. Je pense que c’est un peu ça, se respecter soi-même : être apte à connaitre ses limites et être assez brillant pour ne pas les piétiner avec des grosses bottes. Je vous souhaite à tous une année scolaire ou pas scolaire qui vous rendra heureux, c’est tout ce qui compte. J’en profite pour vous souhaiter la santé, même en plein mois d’août, même si c’est pas le jour de l’an, parce que quand on a la santé, le reste vient tout seul.