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Il faut souffrir pour être belle?

Je me remémore parfois, juste comme ça, pour la mémoire peut-être, l’historique des modes souffrantes chez les femmes. Déjà juste dans ma vie de « vingtenaire », je me suis fait souffrir pour parvenir à un idéal de beauté féminin.

Vous m’avez vue aller, je me suis déjà fait épiler les aines avant mon bal de finissante. J’avais une petite machine électrique qui arrachait les poils d’aisselle et de jambe et de « ploune » comme je voulais, mais toujours avec des douleurs surprenantes et immanquables. Ma mère avait beau me dire que, avec le temps ça passe, je l’ai tout de même fait pendant une dizaine d’années, avec toujours, la même grimace.

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Pis t’sais maman, j’ai pas envie de perdre toute sensation sur mon corps non plus, sous prétexte que je dois pu avoir de poils. C’est juste con.

J’ai vécu ce calvaire-là, pis aujourd’hui, je m’en fous de mes poils, parce que je me suis éduquée sur le rapport homme-femme, équité, égalité, de why les hommes « keepent » leurs poils et moi pas. Et puis, eux aussi. Du moins, les gars qui me plaisent, ils s’en foutent de ma pilosité. Ça m’arrive d’utiliser le rasoir, ça fait pas mal t’sais. Ça repousse plus dru? Ben oui, c’est du poil. That’s it, that’s all. Comme une barbe. D’homme. Ou de femme.

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Il ne faut pas remonter à loin pour retrouver des modes souffrantes pour le corps féminin. Petite, je me rappelle d’une émission dans laquelle on présentait les petites Mauritaniennes gavées au lait par leurs parents. Alors que dans la plupart des pays occidentaux, on prône la minceur ― qui elle aussi apporte des problèmes comme l’anorexie, la boulimie, la bigorexie ― les Mauritaniennes doivent correspondre au modèle inversé. Une grosse femme est synonyme de richesse. Bien que le gavage soit de plus en plus mal vu et même interdit, il existe encore dans les zones reculées de campagne. Et sinon? On se tourne de plus en plus vers des moyens différents pour engraisser :

Dans ces dernières années, malgré les avertissements de santé, des filles et des femmes se tournent vers d’autres méthodes encore plus drastiques, comme la prise de produits contenant de la cortisone, incluant ceux destinés à attribuer un gain de poids aux bovins; des sirops développant l’appétit et même des médicaments psychotropes[1]

Comme quoi, grosse pas grosse, y’aura toujours quelqu’un pour nous dire à quoi ressembler, et ce, au profit de notre santé.

Avez-vous entendu parler de la coutume des pieds bandés en Chine, elle a été populaire pendant près de mille ans auprès de jeunes filles de la haute société, avant de se populariser dans divers classes[2]. Elle consistait à bander les orteils dans des tissus serrés, de manière à ce que les pieds prennent une forme pointue plutôt que naturelle.

Ah, et vous avez déjà vu des pieds de ballerines sans chausson? Aoutch. Il les fallait plus grandes han, plus près de la poupée…

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Ah! Et connaissez-vous les corsets? Ces petits sous-vêtements avec lesquels on s’amusait à transformer le corps, d’hommes ou de femmes à la base, mais particulièrement féminin? Au 18e siècle, celui-ci est probablement conçu pour être le plus inconfortable possible : « La partie supérieure du grand habit de cour féminin est un corset très serré et rigide nommé le grand corps, de forme conique et étroite, qui comprime fortement les côtes flottantes (basses), et dont les bretelles projettent les épaules en arrière, rapprochant les omoplates et donnant un dos très droit et un beau port de tête[3].». Cette mode n’est pas sans rappeler celle des Padaung, originaires de Birmanie, qui ornent le cou de leurs femmes, aussi appelées femmes-girafes, de colliers. Bien que la croyance selon laquelle, si on enlève les anneaux, la femme se casse le cou soit fausse, ces dits anneaux pèsent sur les côtes et les poussent à évoluer vers le bas[4]. Ce n’est pas le cou qui allonge, mais le bas du corps qui se modifie. Puis malheureusement, les Padaung sont assaillis par les touristes chaque année, et vivent littéralement dans un zoo humain.

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Enfin, je ne pouvais pas finir avec une mode plus intéressante… En demandant des idées  de sujets à ma sœur, qui me mentionnait aussi au passage les g-strings et les talons hauts inconfortables, celle-ci m’a introduite (sans mauvais jeu de mots) à la pratique du blanchiment anal. Ben oui toé, j’étais pas au courant. On utilise surtout ce procédé en pornographie, pour rendre le cul bien mignon et propret, à la manière du petit anus juvénile. Fait cocasse, les premières crèmes proposées pour le anal bleaching irritaient extrêmement ladite zone, et l’hydroquinone, présente dans plusieurs produits, a été retirée du marché en raison de ses risques cancérigènes[5].

Comme quoi, il vaut toujours mieux un cul propre et pigmenté, qu’un faux-cul.

***

Source photo de couverture

Sources [1] [2] [3] [4] [5]

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