C’est difficile pour moi de penser à toi, de parler de toi Tu sais, ça fait tellement longtemps que tu n’es plus là.
Que tu as quitté ma vie, qu’on ne s’est plus parlé outre quelques bonne fête et joyeux Noël par-ci par-là. Tous empreints d’une neutralité anormale.
Il m’arrive d’oublier le ton de ta voix, ton visage quand tu me souriais.
Simplement de me rappeler ça, j’en ai les yeux remplis d’eau.
Il est trop tard papa, tu ne me reconnaîtrais même plus aujourd’hui.
Trop d’années ont passé. Des années cruciales. Des années où tu brillais par ton absence.
Les émotions associées à toi ont déserté mon cœur on dirait. J’ai dû me cacher dans ma carapace. Accepter le fait que tu avais changé ta vie
Que tu n’étais plus celui que j’avais connu depuis que j’étais enfant.
Tout ce qui me reste, c’est de la colère, de la peine et de l’anxiété.
Moins j’avais de nouvelles, plus j’apprenais à vivre en ne me fiant qu’à moi-même. En apprenant que je n’avais pas besoin d’un père pour me réaliser et être fière de ce que j’accomplissais.
Peu importe la vitesse que cela me prendrait.
Je ne te reconnaissais plus. J’avais l’impression que tu ne me comprenais plus. J’avais l’impression de discuter avec un inconnu. Je me sentais jugée et critiquée, mais surtout pas aimée.
Je ne retrouvais plus la fierté que j’avais pu t’apporter auparavant.
Ça fait quelque temps que je veux coucher sur papier comment je me sens.
Mais je ne sais jamais si j’en aurai la force.
Pourquoi c’est comme ça? Pour plusieurs raisons, je crois. Les unes s’imbriquant dans les autres.
Il ne reste plus rien aujourd’hui papa.
J’ai longtemps essayé de comprendre. J’ai souvent tenté d’oublier, parce que c’était trop anxiogène ou parce que ça faisait trop mal. J’ai essayé de te pardonner. De relativiser.
Mais j’en viens à la conclusion qu’il n’y a plus grand-chose à faire.
Ça fait trop longtemps papa.
Si tu savais à quel point j’aurais aimé que tu restes. J’aurais aimé que tu m’aimes. Je n’ai jamais désiré ce qui nous est arrivé. C’est arrivé, ça s’est installé sans que ni toi ni moi ne nous en rendions trop compte.
Nous étions devenus des étrangers.
Et à quoi bon faire subsister une relation entre deux personnes qui n’ont plus rien à se dire? Plus rien en commun papa?
Il y aura toujours une partie de moi qui se souviendra de toi, ne t’inquiète pas. Mais comprends que je ne peux vivre au quotidien en me commémorant des remords ou en traînant la tristesse derrière moi.
Tu me connais. Je suis trop positive et optimiste pour faire ma vie ainsi.
Je me rappellerai toujours nos beaux moments tous les deux. Les voyages que nous avons faits ensemble; Les fous rires que nous avons eus depuis que je suis bébé; Les fois où tu as séché mes larmes et où tu m’as pris dans tes bras pour me dire que tout allait bien aller;
La complicité que nous avions l’habitude d’avoir.
Il est temps pour moi de faire la paix avec ce passé. D’accepter ce qui en est et de fermer ce livre. Le livre qui renferme mes premières heures de vie jusqu’à mes 19 ans.
Il est trop tard, papa, j’espère que tu comprendras.
Par Noémie Ouellet
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