Nous sommes fin janvier. L’émerveillement des premières neiges étant passé depuis longtemps, plusieurs se mettent à pester contre la neige, le froid, la glace, le vent, la sloche, et à secrètement espérer que le réchauffement climatique tempère l’ardeur des éléments et vienne à bout de nos hivers, jugés trop rudes à leurs yeux.
Pourtant, l’hiver québécois fait partie de notre ADN, contribuant à notre spécificité comme nation. En effet, sans cette saison, Gilles Vigneault n’aurait pas chanté que son pays, « ce n’est pas un pays, c’est l’hiver ». Émile Nelligan ne nous aurait pas offert son célèbre Soir d’hiver. Sans l’hiver, Joseph Armand Bombardier n’aurait jamais inventé la motoneige. Sans l’hiver, certains mots colorant notre vocabulaire, comme les termes « poudrerie » ou « frette », n’auraient jamais existé. Sans l’hiver, condition préalable au temps des sucres, nous n’aurions pas notre sirop d’érable, et toute la gastronomie et les traditions entourant ce divin produit. Sans l’hiver, nous ne jouerions pas au roi de la montagne et ne vivrions pas d’épiques batailles de boules de neige, activités marquant la nostalgie de notre enfance. Bref, l’exercice pourrait être fait pour plusieurs autres aspects de notre culture ou mode de vie, mais une chose est certaine, l’hiver influence de manière déterminante qui nous sommes, et constitue un aspect incontournable de notre identité. Aimer l’hiver, c’est embrasser pleinement notre québécité.
Évidemment, nous pouvons nous identifier au Québec tout en n’aimant pas l’hiver. Parler de la météo et attendre avec impatience des températures plus clémentes est un comportement typique de chez nous.
Toutefois, je trouve un peu triste de subir ce temps de l’année plutôt que de le vivre et d’en apprécier tous ses bienfaits. À titre d’exemple, nous n’avons qu’à penser aux soupes et autres boissons chaudes, réconfortantes à souhait. Il y a aussi la joie de profiter des journées de plein air et des sports d’hiver, qui nous permettent de si bien nous endormir le soir venu dans le confort de notre foyer. C’est également de beaux paysages magnifiés par les reflets de la lumière sur la neige.
Pour ceux et celles qui ne sont toujours pas convaincus, dites-vous que nous sommes bien chanceux d’avoir quatre saisons bien distinctes, et que l’hiver nous permet d’apprécier encore plus l’été.
En somme, plutôt que de dénigrer ce beau temps de l’année, profitons-en, et soyons fiers d’appartenir à un peuple qui a su s’acclimater et s’approprier l’hiver, qui est certes rigoureux, mais ô combien magnifique.
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