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Guillaume Vermette, clown humanitaire

Guillaume Vermette vient de Trois-Rivières, mon petit coin de pays. C’est sans doute pour cela que j’ai envie de vous parler de lui, mais surtout parce qu’il a un grand cœur. Ce Trifluvien de 28 ans qui pratique le métier de clown et qui fait des conférences sur son parcours de vie fait aussi le tour du monde en payant de sa poche pour redonner espoir aux gens qui en ont le plus besoin. C’est un clown humanitaire! Il a aussi fait des études en psychologie qui doivent certainement l’aider dans ses rencontres avec la «misère humaine», sauf qu’il a clairement le don de soi ancré au profond de lui depuis toujours. Quand on voit des personnes comme Guillaume, on a envie de rêver grand nous aussi. Il est tellement gentil qu’il a accepté avec grand plaisir de répondre à mes questions.

  1. Brièvement, pourquoi avoir choisi le métier de clown? Et pourquoi avoir jumelé le clown aux voyages humanitaires?

« À 17 ans, j’étais en voyage dans le grand nord québécois, où je travaillais comme animateur auprès de jeunes Inuits. La situation là-bas, très complexe à plein de niveaux, me touchait beaucoup. Je n’avais jamais vu d’enfants aussi tristes et démotivés.  Spontanément, je me suis improvisé clown. J’allais à la rencontre des gens, juste comme ça. J’essayais de leur faire passer un bon moment et… ça marchait! C’était magique et vraiment l’fun. Je réussissais à mettre des étoiles dans des yeux qui n’en avaient jamais. Des jours, des semaines et des mois plus tard… j’avais des correspondances de gens qui me remerciaient. « Merci Guilllaume d’avoir pris le temps, personne ne le fait jamais ». Je me suis rendu compte que le clown pouvait avoir un impact positif et significatif sur les autres. Le clown qui fait du bien, le clown qui redonne espoir. Pis sans espoir, y’a rien. C’est là que j’ai commencé à être clown et à rêver d’un clown humanitaire. J’avais toujours voulu faire un métier dans lequel je pourrais faire une différence dans la vie des autres. Je croyais que j’allais devenir intervenant, sans doute psychologue. Au départ, je ne croyais pas que c’était une possibilité que le clown devienne un métier! Mais rapidement, le clown est devenu toute ma vie. »

  1. À l’adolescence, on t’a diagnostiqué un trouble de l’anxiété généralisé (TAG), qu’est-ce qui t’aide à passer au travers de chaque journée, en sachant qu’on ne guérit pas d’un TAG?

« Pour avoir étudié personnellement en psychologie, je crois que les diagnostics sont des boîtes pour aider à se retrouver dans tout ça et encadrer la pratique des spécialistes. En réalité, c’est tellement différent d’une personne à l’autre. Je ne me considère pas « malade », je trouve que ce serait m’auto-handicaper et m’imposer des limites inutiles. Je préfère croire que j’ai une certaine fragilité, que l’anxiété prend une place importante dans ma vie et qu’elle peut prendre des proportions dangereuses si je ne fais pas attention. Malgré tout, je suis l’une des personnes les plus heureuses que je connaisse et l’une des moins anxieuses dans le quotidien. Pourquoi? Parce que je fais des choix équilibrés, je fais des choses que j’aime, je m’entoure de relations saines et je prends soin de moi. Quand l’anxiété se pointe, je réagis vite et je suis outillé pour, car j’ai eu l’occasion de tester tout plein d’approches. »

  1. La vie de famille quand on part souvent loin des gens qu’on aime comme tu le fais, comment vis-tu cela?

« Ça demande de nombreux sacrifices et au début, c’était plutôt difficile. Maintenant, c’est la norme pour moi. J’ai des amis extraordinaires, certains que je considère comme de la famille, partout dans le monde. Je les traine avec moi tout le temps, partout. C’est ma maison. »

  1. Aujourd’hui, tu veux faire ton métier bénévolement et à temps plein. Dans un monde où «le temps c’est de l’argent», qu’est-ce qui te pousse à te lancer dans ce projet?

« Ce n’est pas nouveau, ça fait 10 ans que je rêve de faire du clown humanitaire à temps plein et je n’ai jamais vraiment été à l’argent. J’ai toujours fait le maximum de projets humanitaires que la réalité de la vie me le permettait. Maintenant, j’ai plus d’expérience dans le domaine, j’ai plus d’opportunités qui se présentent à moi et plus de gens prêts à m’aider. Je sens qu’il y a un timing. Je crois que c’est rendu possible de le faire à temps plein, alors je fonce. »

Crédit photo : Guillaume Vermette

  1. As-tu prévu faire des événements pour financer ton projet, autre que la vidéo YouTube qui circule en ce moment?

« Je suis constamment à la recherche de nouvelles idées et façons de financer mes projets. C’est difficile de trouver les bonnes méthodes, car les plus efficaces demandent généralement une équipe rémunérée ou des moyens que je n’ai pas. Ou encore, tellement de temps que je n’aurais plus le temps de faire du clown humanitaire.  Je n’aime pas demander de l’argent aux gens et c’est la première fois que je le fais. Je crois que c’est raisonnable, considérant que j’ai investi environ 10 000$ à 15 000$ par année, de mon salaire de clown, depuis 2011, dans l’humanitaire. »

  1. Tu fais des conférences pour démystifier le TAG et parler de ton métier. Vas-tu continuer à en faire quelques-unes dans l’année même si tu fais du clown humanitaire à temps plein?

« Évidemment!!! C’est l’une des étapes les plus importantes de ce que je fais. Je sens que c’est une responsabilité d’en parler, de partager mes expériences, d’inspirer et de conscientiser. »

  1. Ta prochaine destination c’est où, quand et pour combien de temps?

« Je décolle le 31 mars pour une panoplie de projets et de pays, pendant 3 mois et demi. Je vais travailler principalement auprès des orphelins et des réfugiés. Vous pouvez trouver mon horaire complexe et très chargé sous la description de ma vidéo de campagne de financement (ICI). »

  1. On peut dire que tu es une personne déterminée et qui croit en ses rêves. Rapidement, qu’est-ce que t’aurais envie de dire aux gens qui lisent cet article sur le fait de croire en soi et en ses passions?

« J’ai pris beaucoup de risques et je me suis planté très souvent. Pourtant,  je ne regrette rien. J’ai tellement appris à travers de tout ça et j’ai vécu tellement de choses formidables pour un p’tit jeune de 28 ans. Suivre ses rêves et ses passions, ça fait souvent peur… mais il n’y a rien au monde qui fait plus de sens et qui rend plus heureux. La vie est trop belle et trop courte pour ne pas au moins essayer. »

Bref, y’est beau, y’est fin… Ah puis y’est inspirant! Tu peux aller visiter sa page ICI, Crépu.

Crédit photo de couverture : L’Hebdo Journal

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