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grossophobe

Je tiens à cette précision afin que mon message soit bien clair : je n’ai pas écrit les prochaines lignes pour vous juger ou pour vous pointer du doigt. J’ai envie que tous ensemble aujourd’hui, nous prenions le recul nécessaire sur le sujet de la grossophobie pour faire le point sur ce message assez inquiétant et les préjugés qui s’accumulent et qui sont véhiculés encore chaque jour.

Vendredi dernier, le 11 octobre, était la Journée mondiale de la Lutte contre l’obésité. J’ai réalisé avec beaucoup de tristesse et de colère, en voyant la campagne marketing, à quel point il est important que l’on prenne conscience le plus rapidement possible de ce qu’on envoie comme messages de haine et de jugement chaque fois qu’on renforce cette position. Souvent, sans même le réaliser.

Sur cette photo, c’est moi à l’âge de 25 ans. C’est une période de ma vie où ma vulnérabilité et la relation que j’avais avec mon corps étaient très toxiques. Pourtant, j’avais à ce moment un corps qui « répondait aux standards de la société ». J’avais une obsession sur mon IMC (qui était environ de 26) et sur mon poids. J’étais prête à tout pour atteindre un IMC de 23-24, quitte à me priver de manger et me faire subir les pires traitements. J’ai développé un trouble alimentaire à travers ma perte de poids de 100 livres et cette quête inatteignable de peser vraiment-pas-assez pour mes 5 pieds et 9 pouces. Pourquoi était-ce autant mon focus? Parce que partout dans les médias et dans les discussions d’enjeux de santé et médicales, on m’envoyait comme message que, selon mon résultat d’IMC, j’étais en surpoids et pas assez bien comme je l’étais. Selon ce que j’y comprenais, je devais maigrir encore pour être en santé et être bien dans ma peau. Parce qu’être mince et athlétique, si on croit tout ce qu’on entend et lit, et ce, même encore aujourd’hui, c’est être dans la vibe « un esprit sain dans un corps sain ». Il semblerait qu’avoir un poids santé, c’est la clé du succès du bonheur et de la santé (on reviendra là-dessus tantôt).

Depuis deux ans, j’ai fait beaucoup de cheminement dans le processus de guérison de mon trouble alimentaire et j’ai dû m’admettre quelque chose qui m’a été à la fois choquant et libérateur à réaliser : j’ai été grossophobe. J’ai même encore parfois des pensées automatiques que je dois déconstruire lorsque qu’elles traversent mon esprit. M’admettre que j’ai été grossophobe une bonne partie de ma vie m’a demandé de mettre mon égo de côté et de déconstruire mes croyances et mes jugements un à la fois, puis d’accepter que j’ai eu tort. Souvent.

Cela dit, la grossophobie est un vaste sujet et on ne pourra pas tout régler aujourd’hui, mais je vais quand même prendre le temps de semer une graine dans ton esprit pour que tu puisses porter tes propres réflexions.

Je vais te poser une question. Elle fut pour moi l’élément déclencheur pour m’aider à comprendre à quel point la peur des gros.ses et d’être gros.se est profondément ancrée en nous.

Si je te donne le choix entre :

  1. Vivre dans un corps correspondant aux standards acceptables de la société et avoir des problèmes de santé.

OU

  1. Être dans un corps plus gros et avoir une santé mentale et physique globale très satisfaisante.

Que choisis-tu?

Ton réflexe automatique de réponse et les pensées que ça suscite chez toi t’aideront à mieux comprendre ta position par rapport à ta peur ou tes préjugés envers les personnes grosses ou de l’être à ton tour. Pour ma part, mon déclic s’est fait en tentant de répondre honnêtement à cette question. Tu n’es pas obligé.e d’y répondre tout de suite, prends le temps de laisser la question couler en toi.

Selon le dictionnaire, les définitions du mot « gros » sont :

  • gros adj. : Indique le volume, l’épaisseur, la taille dans les comparaisons.
  • gros n.m. : Personne importante, influente ou riche.
  • gros n. : Personne corpulente.
  • gros adv. : Indique une quantité élevée, beaucoup, cher.

Pourtant, on utilise encore chaque jour les termes « gros » et « grosse » dans des phrases et des contextes qui ne correspondent pas à ces définitions.

En voici des exemples :

« Je me sens gros.se. »

Grosse n’est pas un sentiment, c’est un adjectif pour décrire quelque chose. Lorsque tu dis ce propos, ce que tu essaies réellement de dire est que :

  • « Je me sens enflé.e/ballonné.e dans mon corps. »
  • « Je crois avoir trop mangé. »
  • « J’ai des inconforts avec mon corps actuellement. »
  • « Je ne me sens pas bien physiquement et mentalement aujourd’hui. »
  • « Je ne me sens pas beau/belle ni avantagé.e dans ce que je porte, je pourrais mettre quelque chose qui me rend bien et confortable. »

Des expressions comme « grosse laide », « gros dégueulasse ».

Quand on utilise l’adjectif « gros » ou « grosse » avec un terme péjoratif, que ce soit en blague à quelqu’un ou pour blesser, il reste que le message envoyé est qu’une personne grosse est associée à des mots comme conne, laide, dégueulasse, etc.

 « Tu vas devoir maigrir pour être en santé. »

Si on enlève nos œillères pour un moment et qu’on décide d’être plus réalistes, on réalise à quel point véhiculer ce message et ce type de conseil fait abstraction de tellement de facteurs importants. Être en santé n’implique pas nécessairement que d’être à un « poids santé » ou perdre du poids soit la clé. Perdre du poids n’est pas la solution à tout, ni la clé du bonheur, ni le synonyme de succès. Mon exemple plus haut est un exemple parmi d’autres de situations où me dire de perdre du poids était tout sauf la solution pour ma santé.

Comment s’impliquer réellement dans le bien-être d’autrui et s’assurer de faire une différence, si on s’inquiète vraiment du moral de quelqu’un? (Ici, je ne parle pas seulement à l’égard des personnes grosses; la question est pertinente peu importe ton poids et ton apparence physique).

Règle numéro 1 : t’assurer que la personne est consentante et ouverte à recevoir tes conseils ou tes inquiétudes. Ça se peut qu’elle n’ait pas envie de discuter avec toi et ça lui appartient.

– Comment vas-tu? Comment va le moral?

– Comment va ton alimentation? Consommes-tu plus d’alcool ou de drogue ou de nourriture qu’à l’habitude? Si oui, pourquoi?

– As-tu des stress ou des difficultés actuellement? Comment est ton sommeil?

– Vis-tu en isolement? Vois-tu tes proches, tes amis, ta famille?

– Comment te sens-tu par rapport à ta charge de travail?

On a tous d’innombrables exemples qui nous viennent en tête d’un individu avec un corps plus mince qui a des comportements toxiques et malsains tout comme une personne dans un plus gros corps pourrait en avoir. La différence est le privilège associé à cette perception. Parce qu’on ne va pas souvent reprocher à la personne mince de ne pas être en santé.

Je vais finir ce texte assez simplement :

Aujourd’hui, je ne te demande pas de « glorifier » l’obésité telle qu’on la voit partout dans les médias et les personnes qui crient scandale à la lutte contre la grossophobie. Je te demande de laisser vivre les autres et de lâcher prise. Laisse les gens créer leur propre bonheur, et ce, sans tes conseils et tes jugements. Plus on aura de modèles positifs avec des corps plus gros ayant développé une santé mentale et physique qui leur convient en vivant heureux et assumé, moins il y aura de sentiments de honte et d’isolement. Lorsque la société t’envoie comme message que tu devrais changer pour être valable et accepté.e, ton reflet dans le miroir sur ta valeur réelle et profonde comme personne peut être atteinte très négativement. Certaines personnes compenseront par des comportements autodestructeurs ou de la dévalorisation, de l’isolement, de la honte ou l’impression de ne pas avoir leur place.

T’sais, en y pensant bien, laisser chaque humain construire sa vie à son rythme en respectant leur propre cheminement, c’est peut-être ça la clé pour #livingyourbestlife.

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