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Gloire au mois de mai – Par Adèle

Ô grand mois de mai! Tu viens chaque année avec ta chaleur et ta jouvence passagères. Tu lèches le soleil et caresses la mer pour les déposer dans mes cheveux et mes yeux. Tu tournes cette gadoue brunâtre en bourgeons prometteurs et tu ravives la cruelle froideur de l’hiver qui a givré tous nos cœurs. Tu redonnes à ma vie un sens et à mes sens une vie. Tu dénudes filles et garçons sans même avoir à flirter. Tous tombent sous ton charme sorcier qui enivre. Je sors chaque jour, bouquin à la main, pour m’étendre dans l’aube de l’été que tu m’offres si tendrement. Adieu jours glacés, ceux où tes précédents m’ont gardée cloîtrée comme une sœur, et bienvenue jours heureux à gambader dans les prés. Tu m’apportes ainsi tout plein de prétendants, qui eux aussi, sortent de leur tanière. Je me grise de me faire ainsi courtiser et m’éprends lentement de lèvres nouvelles. Tu fais fleurir les magnolias et danser les feuilles naissantes.

Mais, ô grand mois de mai, tu me fais aussi pleurer.

Ce ne sont plus mes amants hivernaux qui m’attristent, c’est toi, mois de mai. Car tu es arrivé comme ça, plein d’espoir, et tu me quittes en ne me laissant qu’un pif coulant et des yeux rougis. Je ne peux même plus sentir les doux parfums de ce que tu as fait fleurir, car mon nez est bouffi et bouché. Tandis que mes nuits sont blanches de ne pouvoir respirer adéquatement, mes jours sont vert morve. Et tout ça, simplement parce que mon corps réagit mal aux gamètes qui chargent l’air. Parce que, ô grand mois de mai, c’est dans toute ta splendeur que les plantes décident de se reproduire et mes anticorps de combattre cette soudaine recrudescence de libido végétale.

Ô grand mois de mai, tu me quittes ainsi et me laisses misérable. Tu me laisses à la rigueur de juin, qui déflore les magnolias et les jeunes filles à leur bal de finissants. Cet odieux mois de juin, qui apporte l’été en tassant le printemps à coup de pied, comme ça, du jour au lendemain. Ce médiocre mois de juin, qui me fait suer et fait cailler le lait laissé trop longtemps sur le comptoir; qui, comme une brute à Télé-Québec, fait s’écrouler les crèmes glacées des jeunes enfants innocents; qui réveille tous les insectes voraces qui dormaient encore et offre mes jambes en festin à ces mangeurs de chair.

Tu me quittes ainsi, ô grand mois de mai, droguée au Claritin et armée de chasse-moustiques. Je suis en larmes, mais comme tout amour qui m’abandonne, je m’en remettrai.

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