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Fu*k le genre

Je suis un gars.

J’aime la poésie, les chats, le tricot, la douceur, le calme, le silence, l’affection, la mode, les plantes, les couvertures, la cuisine, jaser, ne rien faire, la déco, lire, écrire, faire la vaisselle, être en pyj, avoir un appartement propre…

Je n’aime pas les chars, le hockey, la lutte, la boxe, le baseball, les jobs manuelles, la bière, la chasse, la pêche, l’agressivité, la violence, les gens qui parlent trop fort, les machos, la viande, les blagues sexistes…

On m’a souvent reproché de ne pas être un « vrai gars ». Trop mou, trop féminin, fif, pas assez viril, pas assez fort, stable, name it. De ne pas m’intéresser aux activités habituelles des ti-gars de mon âge. Au lieu de jouer aux cowboys dans la boue en criant, j’étais plutôt l’enfant blême avec des lunettes qui lisait Harry Potter enfermé dans sa chambre en dessous de 1000 couvertures. J’ai tripé quand ma grand-mère m’a appris à tricoter. Seriously.

Aujourd’hui, on me recommande de mieux préparer mes « infrastructures ». De penser à la carrière, à la famille, aux REER, à m’habiller comme un adulte, etc. Parce qu’un vrai homme de mon âge se doit d’être responsable et sûr de sa destinée. Fuck off. Un « vrai homme », ça n’existe juste pas, d’abord. Une « vraie femme » non plus. Il y a autant d’identités sexuelles possibles qu’il y a de personnes sur Terre, pour reprendre une idée de Judith Butler, pionnière des queer studies.

On m’a déjà dit en insulte que je faisais l’amour comme une femme. Que j’étais trop doux, trop affectueux, trop sensible. Qu’un vrai homme, ça doit être rough et toujours prêt, tout le temps. Parce que ça pense juste à ça, les hommes. Non seulement c’est faux, mais ce sont des idées patriarcales très dangereuses qui ouvrent la porte aux abus de toutes sortes. On ne le répète sûrement pas assez, mais il n’y a rien de plus sexy que le consentement. Et ce, peu importe le sexe biologique ou l’identification de la personne.

Vive les corps atypiques, le « pouel » féminin, les vergetures, la peau flasque, les cicatrices, les seins-pénis-fesses-vagins-bras-jambes-dos-ventres de toutes les grosseurs, grandeurs et formats possibles. Je vous aime; les corps maganés, poqués, avec de l’expérience, du vécu, du VRAI.

Je respecte les choix de tout le monde, mais je critique l’intolérance, la haine et la violence envers les différences. J’ai hâte au jour où les hommes pourront porter des robes sans se faire traiter d’homosexuels et que les femmes pourront exhiber leurs poils de dessous de bras sans se faire traiter de féministes lesbiennes frustrées. Il manque clairement d’éducation sexuelle, et ce, dès le plus jeune âge. (Gros scoop : je suis un gars hétéro et je trouve ça sexy le poil féminin. Ben oui, ça existe!)

Parce que le vrai luxe, c’est d’être soi-même : célébrons les différences!

Par Simon Poirier

Photo de couverture : source
Illustrations : Sarah Adersen

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