Je suis dans un creux. Pas un gros, mais il l’est juste assez pour m’amener à me poser des questions. Dans l’sens que je ne sais plus vraiment pourquoi je fais ce que je fais. Pourquoi je vais à l’école, alors que je ne sais pas ce que je vais faire avec mon bac. Je me retrouve en classe, le regard perdu, à m’imaginer ailleurs. À m’imaginer faire quelque chose qui aurait du sens pour moi à ce moment précis. Je suis chez moi et j’en viens à me demander pour quelles bonnes raisons je passerais la soirée à étudier plutôt que de faire quelque chose qui me plairait. Je me lève pour aller travailler, mais ça n’a pas plus de sens. Oui, je veux accumuler de l’argent. Mais malgré ça, on dirait que l’envie n’y est plus. Et pourtant, j’aime ma job.
Alors qu’est-ce qui se passe? La seule chose que je sais, c’est que j’ai envie de fuir. De trouver une échappatoire. Dans mon cas à moi, c’est de partir parcourir des terres inconnues, c’est ça qui me tente. J’ai envie de prendre l’avion, de ne pas avoir de billet de retour et de ne plus me préoccuper de ce que je suis « censée faire ». J’ai tellement regardé de photos sur Pinterest que je suis capable de m’imaginer marcher sur une plage des Philippines alors que je suis simplement en train de faire le trajet entre les pavillons Casault et De Koninck. Quand j’écoute du Vance Joy, je ferme les yeux et je suis sur le top d’un volcan à Hawaii. J’en viens à me demander si je suis normale.
Pour vrai, je sais bien que ce n’est pas normal. Je sais que, dans le fond, j’essaie de fuir les décisions, les responsabilités. Parce que ça fait peur. En fait, je freak out! On doit prendre des décisions qui vont avoir un impact sur toute notre vie. Et je ne veux pas me tromper. Le « chemin normal de la vie », j’ai autant envie de le contourner que de le suivre au centimètre près. Je sais pourquoi je devrais aller à l’école, je le sais bien. Il le faut si je veux un emploi stable plus tard, pour éventuellement avoir une maison et une famille. Mais je ne veux pas de la vraie vie tout de suite. Je ne sais pas ce que je veux et c’est pour cela que j’ai envie de partir.
Je sais que certains pensent que fuir la réalité, c’est quelque chose d’uniquement négatif, mais je n’y crois pas. Je pense que ça démontre une réflexion profonde. On devrait encourager ce questionnement. On devrait s’encourager à se chercher et à se trouver. On devrait nous encourager à fuir, pour ensuite, être prêts à rester. Rester pour les bonnes raisons. Rester pour les responsabilités qu’on a envie de prendre. Rester pour vivre une vie qui nous correspond.
Par Émilie Lalo