L’été : le soleil et les piscines, les terrasses et les soirées près d’un feu… les bourrelets pris dans des maillots de bain, les cuisses qui frottent à cause de l’humidité, se comparer le derrière avec celui des filles en mini-short-bobettes. Ben oui, l’été c’est beau et j’aime ça, sauf que je me trouve grosse. Ah oui, une fille fin-vingtaine qui se trouve grosse, c’est original, alertez la presse; encore une grosse qui chiale qu’elle est grosse.
Ce n’est pas de ta faute, right?
Tu te compares à l’industrie de la mode, à tous ces modèles en maillot de bain, tu les vois passer dans ton feed, dans les magazines, sur les bus, elles sont partout! Les maudites mannequins «photoshoppées», tu te dis que c’est pour ça que t’as pas de chum : il est parti avec la petite chix plus ferme que toi.
Sérieux?
Je suis loin d’être obèse morbide, j’ai juste quelques dumplings au-dessus de mon poids santé (ok, beaucoup de dumplings), mais n’empêche que c’est assez pour me faire passer des heures à me fixer devant le miroir à maudire ce corps. Ça devient une vraie obsession : j’en viens à ne plus apprécier mes repas, à toujours penser à ce que j’ingère. Est-ce que ça va aller dans mon cul ou bien dans un nouveau bourrelet de dos?
Tu regardes tes amies manger des litres de chocolat, de la pizza couverte de merde de clown arrosée de bière, tout en portant du 0-4 ans. Toi, t’as rêvé d’une poutine la semaine passée, et là, tu l’as de pognée dans les cuisses.
L’hiver ça va, tu te caches dans de gros chandails de laine, des manteaux et des gros foulards. L’été, tu deviens vulnérable au regard des autres. Tu as l’impression que les passants te jugent : « Attention à l’ogre, elle va vous dévorer tout cru pour diner », « Pourquoi elle chiale qu’elle est grosse? Il y a un gym sur Saint-Joseph, au pire! » Ouais, mais je ne suis pas capable de courir sur un tapis roulant tout en mangeant mon hamburger, la conne!
Alors, tu fais des décomptes. Il reste trois mois pour perdre tes livres en trop, tu devras couper sur le pain et le beurre, puis t’inscrire au pilates et au cardio. Si tu vas à tes activités en courant dans un sac de vidange et que tu coupes aussi sur le sucre dans le café, tu atteindras peut-être tes objectifs ! Tu es boulangère ou pâtissière de métier? T’en fais pas, tes collègues te rappelleront à chaque fois que tu vas goûter à tes recettes que « t’étais pas à la diète, toi? ». Tu recracheras amèrement et feras des squats sur place en travaillant.
Ben oui, je ne suis pas stupide; je sais que si je veux perdre du poids, je dois m’y mettre.
L’affaire, c’est qu’au fond, je me demande pourquoi je le ferais. Je ne suis pas en mauvaise santé, je ne fume pas, je ne bois presque pas (lol), je marche tous les jours pour aller travailler et je mange des légumes à tous les jours. Je mange bien, mais je n’arrive pas à perdre ces maudites quinze livres en trop et je me demande pourquoi ça me dérange autant ! Ç’a pas rapport!
Je peux-tu juste vivre et arrêter de toujours me demander si ce que je mange me tuera? Ou m’empêchera de rencontrer mon prince charmant niaiseux!
J’ai été obsédée au point où j’ai rêvé d’être anorexique. J’ai même essayé, mais Dieu que je suis de mauvaise humeur quand j’ai faim! Ça fait que lorsque je vois des articles qui annoncent Dix trucs pour atteindre ton beach body de rêve, ça me frustre. NON !!
Dis non à cette école de pensée archaïque. Je te dis à la place Attitude à adopter pour être heureux.se cet été : Je m’en calisse.
Je m’en fou : lorsque je m’arrête un instant et que je suis seule avec mon reflet, je suis heureuse. Pour vrai. Alors enlève ton sac de poubelle collé sur ta peau suintante et respire deux minutes.
Je m’en fous : j’ai hâte d’aller au Maître Glacier à Limoilou avec mes amies pour me noyer de bonheur dans une bonne crème glacée.
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Moi je suis bien : je ne laisserai personne me dire que je ne suis pas belle, juste parce que je ne peux pas porter vos beaux bikinis.
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