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La série la plus populaire des États a occupé les ondes de 1994 à 2004. Décrite par les Américains comme « a story about six white complainers », l’émission a connu un second souffle avec les DVD, et puis une troisième vie avec son arrivée sur Netflix. Ainsi, les vingtenaires et trentenaires d’aujourd’hui peuvent se comparer avec le panel des personnages de David Schwimmer, Jennifer Aniston et compagnie, pour le meilleur ou pour le pire. Une vingtaine d’années a-t-elle affecté les mœurs, les goûts, l’humour des jeunes gens? Mais oui. Mets-en. Voici quelques points sur ce qui passait à l’époque qui ne passerait pas aujourd’hui.
Les jokes de malaise face à l’homosexualité.
Autant quand un des personnages masculins fait preuve d’émotivité ou montre un intérêt pour des activités dites « féminines », genre la décoration, la cuisine, la danse (ayoye les scripteurs!), on le traite de « gay » à renforts de rires en canne, ou encore quand Joey et Chandler se freinent dans leurs démonstrations affectives, genre une accolade, de peur de passer pour des tapettes. S’en suivent les rires, le malaise des hétéros des nineties insécures au point de pas vouloir faire une simple colle à leur coloc. Comme si passer pour gay était une tare, et que se faire traiter comme tel valait une blague, un punchline. Revenez-en, les boys, y’a pas de mal à ça, c’est bien peu crédible que des New Yorkais privilégiés comme vous se sentent ostracisés à cause d’un câlin, et ça montre bien peu de compassion de votre part.
Un gars qui écoute sa blonde est domestiqué.
Plus honteux qu’être une moumoune, ce serait vivre dans un couple où la fille porte les culottes. À plusieurs reprises au courant de la série, le fait que Chandler, le gars, soit moins aux commandes des décisions que Monica, sa blonde, la fille, était une source d’hilarité. Un gars qui ne décide pas de toute n’est pas tout à fait un homme. Il n’est pas viril alors c’est drôle. Non, vous n’écoutez pas les Honeymooners dans les années cinquante, mais bien Friends, à l’époque des premiers téléphones cellulaires et du gel dans les cheveux. En passant, Friends, une fille aux commandes de sa vie, ça ne fait pas d’elle une bitch, han.
Les femmes s’haïssent entre elles et la beauté compte plus que le reste.
Le storyline de Chandler et Monica indique qu’ils se sont rencontrés au secondaire, où Monica était une adolescente toutoune avec le béguin pour Chandler, lui arborant alors la coupe cool du chanteur de Flock of Seaguls. Il rejettera alors ses avances, mais tombera sous son charme l’année suivante, quand elle affichera une taille plus svelte. Elle le séduit alors avec sa plastique, étalée comme un argument de vente. Pauvre Monica, Hannah Horvadt était pas encore née pour te revendiquer le cuisseau dodu.
Aussi, Rachel se plaindra de ne pas avoir de véritables amies de fille, les femmes étant intimidées, menacées par sa beauté.
Descends de tes petits chevaux Rachel, tu t’es passé la modestie au fer plat.
Avoir un intérêt pour les sciences et la littérature fait de vous un nerd, donc un perdant.
Ross se retrouve maintes fois le dindon de la farce à cause de son métier de paléontologue. Des six friends, il est le seul à qui on reconnaît des études universitaires et des passe-temps culturels, intellectuels. What a nerd! C’est bien mieux d’être un jock. Les sports à la TV, la bière pis les danseuses, pis du BBQ! Yeah grrrrrrrr #virilité
Finalement, celle qui s’en sort le mieux en vingt ans d’inepties sans trop de relief de cette bouillie prémâchée qui est donc confortable à visionner, car elle n’amène qu’une drabe parade d’idées convenues dans un univers hermétique et formaté chez Gap, c’est Phoebe, la weird, la hippie marginale, la guitariste de café qui chante Smelly Cat.
Du groupe, elle se démarque en ayant l’esprit le plus libre, le plus « champ gauche », en ne jugeant pas les gens sur leur apparence, en vivant sa sexualité sans gêne ou games (on lui calcule près de 35 chums en 10 saisons, good for you, Pheebs!), en étant mère porteuse pour les bébés de son frère (oui, mais faut avoir vu l’épisode pour comprendre…) et en affichant toujours ses opinions souvent impopulaires, elle est celle qui vieillit le mieux et qui résiste, par son authenticité et son désir d’harmonie et d’humanité, au passage du temps.
Réécouter Friends, c’est se rendre compte qu’on a changé en peu de temps, mais pour le mieux. On est plus ouverts, plus tolérants, plus axés sur l’égalité, le respect. Moins prompts à idéaliser le matérialisme et les stéréotypes. J’ai bien hâte de me retaper Sex & the City…