Tangente frappe fort avec son tandem chorégraphique Forces connexes, présenté à l’édifice Wilder du 1er au 4 février. Le programme double, formé des pièces Decoherence et By the Skin of Your Teeth, nous transporte dans des univers sombres et énigmatiques.
Decoherence, de la chorégraphe torontoise Jessie Gagnon, dépeint les mystères de l’enchevêtrement quantique, théorie selon laquelle des particules entremêlées s’influencent, peu importe la distance qui les sépare. Sur scène, un duo formé des solides interprètes Jarret Siddall et Guillaume Biron interagit dans cette dynamique atomique. Leurs gestes sont tantôt synchronisés, tantôt interdépendants. Les danseurs se répondent ou s’ignorent, dans une chorégraphie très physique qui varie entre grands mouvements organiques et petites vibrations saccadés, teintés des sons aigus des bottes de caoutchouc. L’un contre l’autre, ils se portent à répétition de manière parfois très acrobatique. On assiste à une chorégraphie sportive et épique où l’interconnectivité des corps est palpable.
Emily Gualtieri et David Albert-Toth signent la chorégraphie By the Skin of Your Teeth, créée pour les interprètes du Collectif [LE]CAP. Ils donnent vie à la danse de Marine Rixhon et Anne-Flore de Rochambeau, qui oscillent entre lutte et abandon, dans un univers inspiré par le phénomène des trous noirs et l’ascension du mont Everest. Endroits interdits, sommets du monde inatteignables, l’espace et le ciel amènent l’humain dans ces moments ultimes où la vie bascule entre la vie et la mort, la force et la fragilité. Dans une tension constante, les deux interprètes se montrent à la fois combatives et exténuées, s’élancent puis tombent, s’enchâssent dans l’ombre l’une de l’autre à la manière du Pas de deux de Norman McLaren. Cette parabole chorégraphique questionne notre moralité, notre rapport entre la raison et l’extrême. On nous rappelle d’ailleurs à la fin qu’on « ne peut toucher le paradis sans mourir un peu ».
Source de la photo de couverture