Samedi passé, je suis allée manger dans un nouveau restaurant assez fancy merci. T’sais, le genre de place où il faut boire la première gorgée de la bouteille de vin commandée au hasard sur la carte (parce que je connais fuck all aux vins) et que le serveur attend ton approbation pour pouvoir continuer de verser les deux gouttes de plus dans la coupe? Si je vous dis ça c’est parce que, moi, la première fois que j’ai dû « goûter » au rouge de la bouteille qui accompagnait mes cannellonis d’un petit bistro chic italien, j’ai eu l’air d’une imbécile, as usual. En fait, c’est tout simplement parce que je n’avais pas du tout compris le concept ni ce que la serveuse voulait, même avec ses simagrées. Après 30 secondes d’invalidité, mon ami m’a finalement expliqué au creux de l’oreille ce qu’il fallait que je fasse : acquiescer gentiment, pour pouvoir continuer le service. J’ai donc pris une gorgée, j’ai senti ma coupe et par la suite, je me suis mise à faire des tourbillons dans ma bouche avec mon vino. Je me trouvais vraiment hot et j’ai déclaré, l’index en l’air, que c’était parfait, parce que de toute manière, si le vin n’avait pas été buvable, je n’ai pas l’expérience nécessaire pour distinguer les différents caractères organoleptiques et olfacto gustatifs (merci Wikipédia) requis pour m’en apercevoir. Dans ma vie, le vin de dépanneur a le même goût qu’une bouteille de Bordeaux de 1964, pis anyway, mettre de l’eau dans son vin, c’est faire de la fausse monnaie et ça tombe bien, je suis pauvre!
Donc, après mes trois coupes bien remplies re-remplies par moi-même, j’ai eu envie de faire pipi. Je me rends donc aux toilettes, où les murs de fausses briques sont décorés de télés plasmas qui diffusent des publicités des plus emmerdantes (pire que les annonces de Sensodyne du Bye Bye). Personnellement, j’aurais de loin préféré un vieux classique de Tim Burton, mais bon, je leur écrirai plus tard comme suggestion sur leur site internet. J’entre dans une des quatre cabines aux portes fleuries, je m’assis, je fais ce que j’ai à faire… Je m’essuie, je me lève, shiiiiiiiiiiiiiii, je fais le saut, je me retourne, je regarde; le bol a flushé pour moi! Je le remercie et je sors. Je m’étire le bras pour appuyer sur le manche de la petite boite de savon rose chimique; pouf, le savon rose chimique se verse de lui-même sur ma main. Je le remercie et je me dirige vers le robinet d’acier inoxydable. Je cherche les traditionnelles poignées d’eau chaude et froide, mais y’en a pas. Pshhhhhhh, ah tiens, ça coule tout seul! Je frotte mes mains, je les rince, je les secoue, je fais un clin d’œil au robinet d’acier inoxydable en guise de remerciement et je m’incline vers la gauche pour atteindre la machine à sécher le mouillé qui se trouve entre une télé et un cadre douteux d’un monsieur qui regarde une chèvre (sans commentaire). Je tapote de mes deux mains la boite d’aluminium pour trouver le piton qui fait partir le séchage. Il n’est ni en dessous ni au-dessus. Je pogne les nerfs, je frappe la boite de mon poing fermé. Vfffffffff, une chance qui avait pas de piton parce que c’est pas moi qui aurais allumé le plus vite. Je remercie pas la machine, ce coup-là, ça m’a fait chier.
Rendu chez moi, un petit peu feeling, les joues roses, la bouche mauve, le front bleu (j’ai foncé dans la porte du restaurant en sortant, j’ai cru qu’elle allait s’ouvrir automatiquement) je me suis mise à rire, comme ça, toute seule, pour rien, dans le salon. En fait, non, ce n’était pas pour rien. Je repensais aux toilettes, à quel point juste aller pisser devenait high-tech et ô combien tout ça devenait ridicule. J’ai réfléchi, un sac de pois congelé sur la tête, à savoir pourquoi on préfère moderniser de simples habitudes banales, en niaiseries qui rendent le monde encore plus paresseux qu’auparavant. J’ai trouvé la réponse assez rapidement.
Parce que les gens sont CAVES (je m’exclue pas du lot, sachez-le).
ET probablement que c’est un moyen efficace de lutter contre les invasions de gastros en nous évitant de toucher aux endroits les plus contaminés, mais quand je fais le lien, ça n’a pas plus de sens. J’ai beau me dire que je contourne la chasse, l’évier, la machine à sécher (obstacles de malade); n’empêche qu’il faut que je continue de la débarrer et l’ouvrir l’asti de porte!
Ce qui fait que je reviens à mon hypothèse #1
Les gens sont CAVES.
On est capable de voyager en minivan dans l’espace, de construire des voitures intelligentes sans conducteur, de cloner des brebis et même d’apercevoir des bonnes femmes à poil sur des toits, en HD, grâce à des caméras satellites, mais on est trop colons pour tirer la chasse de la toilette nous-mêmes. Oui, c’est vrai, on est en 2015, la technologie accélère à un rythme incroyable, je ne le nierai pas. Sauf que si on invente des futilités de la sorte, c’est que quelque part, on en a de besoin. Ce qui veut dire qu’il y a des cabochons sur la terre (tant pis si tu en fais partie) qui ne sont pas capables d’ouvrir un lavabo sans fermer l’eau, de ne pas boucher le bol ou de tout simplement la flusher et de ne pas crisser du savon partout sur les comptoirs, je veux dire merde! Ça prend pas un diplôme pour faire ça dans les règles de l’art. C’est quoi, est-ce que t’es trop sans-génie pour te torcher aussi? Oui, un manque d’attention ça peut arriver à tout le monde, par contre, faire ça de ton plein gré, c’est carrément autre chose.
Et dire que l’être humain est désormais capable d’aller sur Mars…
Ce qui m’a amenée à ma deuxième réflexion :
Vont-ils avoir des toilettes automatiques intelligentes pour les participants du projet Mars One?
Alexe Raymond, réviseure.