Lorsqu’on m’a fait une place au sein de la Fab’, j’admets que je ne connaissais, voire ne comprenais, que très peu le féminisme, dont je n’estimais pas bien la nécessité dans notre société contemporaine. Je considérais que la parité et l’égalité des chances avaient été atteintes par le passé; les femmes autour de moi réussissaient à l’école, occupaient de bons emplois, se mariaient, se séparaient, avaient des enfants, ou pas. Bref, j’acceptais les codes mis en place, sans me douter que la disparité entre les sexes puisse encore être un enjeu quotidien de nos sociétés occidentales, lire ici, québécoise. Il était, et est encore clair, que les droits des femmes sont bafoués, ou carrément inexistants, dans certaines parties du monde.
Cela dit, en lisant, et a fortiori côtoyant, les rédactrices de la Fabrique, je pus être témoin de leurs aspirations, des inégalités encore trop fréquentes dans les milieux de travail et dans les relations de couple, et de leurs revendications. Je pus faire face à ces codes qui véhiculent une certaine condescendance envers elles, auxquels j’avais sûrement moi-même contribué sans être dûment conscient de leur portée.
Je ne me ferai pas le porte-étendard du féminisme, ni sa voix masculine; d’autres s’en sont déjà chargés. En tant qu’homme, je ne me sens pas légitime de porter la cause à bout de bras; c’est celle des femmes, et c’est à elles de décider de leur existence. Je me positionne plutôt comme partisan de leur droit à l’autodétermination, et comme un opiniâtre redresseur de torts à qui voudrait diminuer la valeur du mouvement féministe; un opiniâtre un peu baveux, mais juste un peu.
Selon certains, le féminisme diviserait les sexes en menant les hommes à mal. J’y vois plutôt la volonté de les unir dans un dialogue ouvert et paritaire, pour le plus grand bien de tous, et non pour dominer l’autre, mais pour être sur un pied d’égalité; du droit de disposer de son corps au droit de s’exprimer librement, d’exercer la profession voulue, etc.
Devrait-on alors parler d’humanisme? De toutes les féministes que j’ai rencontrées, il m’apparaît limpide qu’elles soient aussi humanistes et que le mouvement jette ses bases sur l’amour et la valeur de son prochain, par l’accession à la connaissance et à la culture de l’être humain. Pourtant, et de la même façon que les luttes contre le racisme et autres poisons grégaires, le féminisme doit mener à terme la fin de la disparité. Ensuite pourrons-nous tous ensemble embrasser l’humanisme, et peut-être repenser nos rôles établis par une logique néo-libérale de productivité assommante et aliénante.
En attendant, lorsqu’une femme vous aime et vous chérit de sa présence, aimez-la en retour, que ce soit comme amie, comme amante, comme sœur ou comme mère, parce qu’il y a une grande part de vérité lorsqu’on chante qu’« être une femme libérée, tu sais, c’est pas si facile ».
Et pour ceux et celles qui seraient opposé.es aux idées des féministes qui prônent la parité et l’égalité, ou qui croiraient que les femmes « vous doivent » quelque chose, grand bien vous fasse, mais foutez-leur la paix une bonne fois pour toutes.
Par Simon Guérard
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