Le Musée National des Beaux-Arts du Québec présentait en 2018 l’exposition Fait main. Mon exposition favorite des dernières années. Il y avait de tout : assemblage, collage, tapisserie, sculpture, tricot, courtepointe. L’artisanat porté au niveau muséal. De toutes les couleurs, pour tous les goûts, les œuvres présentées étaient ludiques, originales. Du bricolage pour adulte qu’on avait rassemblé pour les yeux du public.
En déambulant dans les salles, j’ai été surprise par ces pièces éclatées. Certaines étaient politiques, d’autres purement ludiques. Aussi différentes qu’elles puissent être, elles partageaient toutes le bonheur de créer, de faire quelque chose de ses mains.
Et c’était d’une infinie beauté.
Crédit photo: Fauve Jutras
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Du côté de mon père, les mains des femmes n’arrêtent jamais. Elles cousent, coupent, rapiècent, agrafent, pincent, filent, tissent, tricotent, brodent, crochètent, assemblent, tracent, polissent, panent, prospectent, peignent, décalquent, teintent, vernissent, assaisonnent, fouettent, cuisent, décorent, colorent, échappent et reprennent.
Elles ont toujours quelque chose à faire, une tâche à compléter, un projet qui les anime. Elles ne savent pas rester immobiles, ne se tournent pas les pouces. Elles ne laissent pas filer le temps entre leurs doigts ouverts, mais s’en saisissent pour créer du beau, du bon, du doux et du vrai.
Et j’envie les mains des femmes de ma famille. J’envie ce qu’elles font naître. J’envie leur patience, leur minutie, leur dévouement, leur talent. J’aimerais tenir plus d’elles et moins de l’impatience de mon père.
Derrière le fait main, il y a la beauté du geste. L’artisanat, ce n’est pas simplement un passe-temps de vieilles filles, c’est mettre un peu de soi dans un tricot, une poterie, une peinture, etc.
À toutes les créatrices et tous les créateurs, je vous salue bien bas. Et je vous en prie, continuer d’engendrer la beauté et d’illuminer notre quotidien de vos œuvres d’arts faites main.
Crédit photo: Maggie Markel