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Faire connaître l’acné excoriée des jeunes filles

Pour commencer, je voudrais dire que je ne suis pas médecin, ni psychologue. Je suis seulement atteinte de ce trouble et si vous croyez que vous l’êtes aussi, je vous conseille fortement d’en parler à votre médecin.

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Skin picker? Qu’est-ce que c’est?

L’acné excoriée des jeunes filles est une maladie souvent associée au TOC (trouble obsessionnel compulsif), bien qu’elle soit aussi finement liée au trouble de dysmorphophobie ainsi qu’au CRCC (comportements répétitifs centrés sur le corps). On la retrouve aussi sous le nom de « dermatillomanie », ou même de grattage compulsif.  Fait intéressant : le terme français «acné excoriée des jeunes filles » est reconnu partout dans le monde (apparemment, je suis francophile jusqu’au bout des ongles et des comédons).

En gros, la personne atteinte ressent un besoin urgent, plutôt fréquemment, de s’enlever des points noirs, des boutons, de se gratter les plaies jusqu’à se défigurer. C’est un peu le petit cousin de la trichotillomanie (manie de s’arracher les cheveux) et de la manie de se ronger les ongles. 90% des personnes atteintes sont des femmes. Elles souffrent souvent d’une acné légère, mais survient aussi sur des gens qui ont un historique de boutons et de points noirs très « normal ». La nature anxieuse de ces gens fait simplement qu’ils perçoivent leur peau bien pire qu’elle ne l’est.

Dans mon cas, ça arrive dans les moments où je me sens particulièrement stressée pour toutes sortes de raisons (travail, école, relations interpersonnelles, etc.) et où tout d’un coup, j’ai des pensées super intrusives qui m’empêchent de me concentrer sur quoi que ce soit. Je me mets à me gratter le visage sans arrêt, en m’acharnant sur toutes les petites bosses que ma main croise. Je me sens moche de chez moche et j’ai l’impression que tout le monde l’a remarqué. J’ai l’impression que les gens parlent de ma peau immonde dans leur temps libre et que je dois remédier à la situation si je veux continuer à avoir une vie sociale. Si j’ai le malheur de croiser un miroir, je suis cuite. C’est plus fort que moi, je dois inspecter chaque pore de ma peau. Je peux passer des heures devant le miroir en étant simplement à la recherche d’une imperfection à retirer, comme si l’action même de me triturer la peau m’emmenait dans une sorte de transe. Et ça me calme sur le coup, ça me soulage, mais 10 minutes plus tard, je me mets à angoisser parce que j’ai la peau gâchée et que je suis pleine de plaques rouges. Et c’est douloureux, aussi. Je me sens honteuse, coupable. Je suis en colère contre moi-même. Impossible de sortir de la salle de bain, j’ai envie de pleurer. Le pire dans tout ça, c’est de sortir de la salle de bain et de voir l’incompréhension dans les yeux de mes proches. De voir leur déception parce que j’ai récidivé. Parce que je n’ai pas RÉUSSI à ne pas me jouer dans la face. Parce c’est niaiseux d’être incapable de se contrôler à ce point-là. Et en réalité, je suis consciente que mes pensées et mes gestes sont irrationnels. Trop souvent, je suis tellement maganée qu’il m’arrive d’annuler mes plans, de peur qu’on me voie comme ça et qu’on me juge. Et c’est tellement difficile de le verbaliser, d’en parler à ses amis sans se faire dire : « Pourquoi tu fais ça? T’as juste à pas le faire. » Si c’était si facile, je n’aurais pas essayé d’en parler à quelqu’un. J’aurais simplement arrêté.

Être dermatillomane, en un sens, c’est être trop perfectionniste, avoir un manque de tolérance envers les imperfections et une faible estime de soi. C’est avoir une volonté exagérée et nocive d’être parfait. Pas étonnant que ça porte le nom d’acné excorié des jeunes filles, avec toute la pression qu’on nous met pour être belles mais aussi fines, bonnes à l’école, ambitieuses. Heureusement, ça se traite, mais les rechutes sont presque inévitables.

Faudrait refaire le monde pour vraiment arriver à régler le problème, dans le fond.

Mais si toi aussi, t’es atteinte de dermatillomanie, je te conseille fortement d’en parler à ton médecin. Il saura te diriger vers quelqu’un qui pourra t’aider et te soulager le temps qu’on finisse par faire comprendre à tout le monde qu’on rend malades nos jeunes filles avec la pression qu’on leur met.

Prends soin de toi.

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