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Faire comme tout le monde

Je faisais mon balayage quotidien de mon fil Instagram, semi-attentive et semi-inconsciente. Je me suis arrêtée sur une image parmi tant d’autres et je me suis surprise à réfléchir. C’était une citation sur un fond noir qui disait « We buy things we don’t need with money we don’t have to impress people we don’t like. » Je regardais ça au travers de l’écran de mon nouveau iPhone 6 que je n’ai pas fini de payer et je trouvais que ça faisait du sens. L’ironie c’est que j’étais assise dans ma Honda (toujours pas terminée de payer) et que j’attendais mon rendez-vous pour mon remplissage de faux cils. Oui. J’ai des extensions sur chaque cil, sur mes yeux à moi, que je vois seulement lorsque je passe devant un miroir. Des faux cils que j’arbore pour des inconnus ou des gens que je n’aime pas particulièrement. Parce que, soyons réalistes, mes amis se foutent de la longueur de mes poils oculaires. Mes amis se foutent que j’aie des yeux tout court.

Je suis souvent serrée dans mes dépenses, mais quand ma Visa maigrit et qu’un petit lousse s’installe, je me trouve toujours un besoin quelconque. Que ce soit un nouveau morceau de vêtement pour renflouer ma garde-robe, un nouveau roman pour ma bibliothèque ou  le besoin d’aller voir un film dont je n’ai jamais visionné la bande-annonce, je me retrouve toujours là, carte en main. PayPass qu’ils disent. Je dépense pour un outfit que je vais porter une fois dans un bar. Pour des gens qui ne se souviendront même pas de m’avoir vue.  Pour me faire complimenter par une fille qui a déjà « frenché » mon ex.

Pourquoi, quand j’ai quinze minutes de libres et que mon fil Instagram me monte à la tête, je finis toujours par magasiner en ligne pour des vêtements qui seront même pas comme sur la photo.

Pourquoi, quand j’ai trente minutes de réflexion avant de dormir, je finis par faire une liste des 20 choses qui me manquent plutôt que d’en faire une des 1001 choses que j’ai déjà.

Pourquoi, en septembre, je sens déjà l’hiver arriver même si l’été ne veut pas partir? Pourquoi, quand l’automne approche, je sens cette urgence de trouver quelqu’un pour m’envelopper quand il fait froid? Pourquoi j’ai autant de besoins et très peu de satisfaction?

Je veux me sentir comblée. J’ai besoin de plus avoir besoin de quoi que ce soit. Je veux mettre le même linge sans scrupules sept fois par semaine et me préparer sans avoir besoin de prendre de photo. C’est trop facile vouloir, et absurde tout avoir.

J’écris, toujours assise dans mon véhicule, pour tuer le temps. C’est dôle le temps, la seule affaire que je n’ai pas besoin de payer et je veux le tuer. J’attends impatiemment, à la suite de mes réflexions d’antimatérialiste, qu’il soit l’heure de mon rendez-vous. Parce que je suis une victime. Parce que j’enfile la pression sociale en même temps que mes nouveaux jeans. Parce que je veux mettre toutes les chances de mon bord pour bien paraître, pour trouver mon « enveloppeur » avant que toutes les feuilles soient tombées. Parce que je suis comme tout le monde.

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