Au cours du dernier mois, des situations banales m’ont fait réaliser à quel point l’expression « je m’excuse » fait partie du langage courant, sans pour autant qu’elle le soit dans les bons contextes.
Alors que j’étais dans un party, je vais voir des amis aux pupilles beaucoup trop dilatées pour la noirceur du moment. L’un des deux m’explique sur quelle substance ils sont et je m’excuse de ne pas connaître ça. Pourquoi me suis-je excusée? Aucune idée. Ce n’est pas une connaissance que je regrette de ne pas avoir. Juste un réflexe pour combler la conversation. D’ailleurs, mon ami me rétorque que je ne dois jamais m’excuser pour une telle raison. C’était presque mignon comme discussion.
À peine une semaine plus tard, alors que je navigue sur mon fil d’actualité, je m’arrête sur une image où l’on explique que l’on doit cesser de s’excuser et plutôt commencer à remercier. Des phrases comme « excuse-moi de t’avoir dérangé » ou « excuse-moi, je parle beaucoup ce soir » deviennent « merci de m’avoir rendu service » et « merci de m’avoir écouté ». Une de ses images un peu « cucul » mais qui, au fond, peuvent porter à une réelle réflexion.
On est une bonne « trâlée » à s’excuser pour rien. C’est dans le sang des Canadiens, j’oserais même dire. Nos voisins américains nous associent presque autant le ‘‘sorry’’ que nous associons le « du coup » à nos cousins français. On s’excuse parce que quelqu’un nous fonce dedans, on s’excuse parce qu’on pleure pis qu’on ne sait pas pourquoi, on s’excuse parce qu’on parle encore de notre ex, six mois après la rupture.
Je ne dis pas que s’excuser devrait être aboli de notre vocabulaire. Loin de là! Je pense simplement qu’en utilisant cette expression comme un tic verbal, on lui retire la valeur qu’elle possède. Reconnaître ses torts lorsque l’on a blessé quelqu’un, ça fait autant de bien à l’autre qu’à soi. Et pourtant, nous avons beaucoup de misère à le faire, alors que nous nous excuserons profondément lorsque notre chien nous fonce dans les jambes…
Cessons de prendre tous les torts du monde sur notre dos. Ce n’est pas grave de bâiller ou d’éternuer en public, ce n’est pas grave de ne pas connaître tous les sujets, ce n’est pas grave de ne pas être ami avec tout le monde, ce n’est pas grave d’avoir oublié le nom de quelqu’un. Apprenons à demander pardon si quelqu’un souffre de notre comportement, à s’excuser si nous avons commis une faute. On ne dirait pas « je t’aime » à n’importe qui et dans n’importe quelle situation. Accordons autant d’importance aux mots « je te demande pardon ».
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