« Longtemps, je me suis couché de bonne heure », écrivait Proust au début de La Recherche. Mais ça, c’était avant l’invention de Facebook, right?
Je me rappelle l’époque du primaire. Les après-midis à flâner en bicyclette toujours dans le même quadrilatère. Les longs moments à rester couché en écoutant de vieilles cassettes des Colocs dans mon baladeur jaune fluo. Les découvertes de roches bizarres qui procuraient minimum trois heures de plaisir. Du gros fun noir. Du vrai.
J’ai commencé à écrire des histoires à six ans pour me désennuyer. Ma mère m’avait donné un petit cahier à sketch pis un crayon de plomb. C’était le party dans ma tête pis sur les pages barbouillées. Pas d’alcool, pas d’invités ni de frenchs mouillés. Juste. Écrire. Rêver. Le bonheur dans la création. La simplicité. À partir de rien pantoute. Pis c’était beau.
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Malheureusement, j’ai grandi. J’ai essayé mille affaires, me suis trompé, ai cru que la sécurité financière m’apporterait plus de bonheur, que de plaire aux autres était LA solution. Non, non, non. J’ai fini par comprendre que c’était pas moi d’aller clubber en cage pis de finir au Ashton à trois heures du matin à demander plus de sachets de mayonnaise si-vous-plaît-madame la face étampée dans le Journal de Montréal. Après tout ce temps, je me suis rendu compte que mes passions étaient là, à côté de moi depuis le début, à me faire des fingers en riant. Retour à l’écriture, au silence et à la douceur. Quoi d’autre?
Je suis maintenant un gars plate qui s’assume. Anyway, c’est quoi être plate sinon un regard subjectif sur ce qui est le fun ou non? Ma vie imaginaire est intense même si j’ai l’air de rien. L’important, c’est d’être heureux. C’est pas les jugements des autres sur comment tu passes tes vendredis soirs. Vivement rester en dessous de 1000 couvertures avec un thé chaud à flatter des chats en bobettes devant Girls. C’est correct. Y a pas de honte à avoir.
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Qu’est-ce que tu fais demain? J’ai un défi pour toi. Essaie d’être plate. Juste un peu. Tu vas voir que c’est pas plate, être plate. Tu risques même de trouver ça le fun. Regarde tout comme si c’était la première fois. Le ciel, les nuages, les oiseaux, les passants, les immeubles. Être plate, c’est l’avenir. Être plate, c’est accepter la beauté du quotidien. Que la vie soit pas juste une piste de course, mais une route paisible vers l’authenticité. Go?
Par Simon Poirier
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