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La pandémie et le confinement ont bousculé la vie de beaucoup d’entre nous. Ils ont fragilisé notre santé mentale, ont eu des répercussions importantes sur nos finances, ont obligé une conciliation travail-famille non prévue, etc.
Aujourd’hui, je voudrais qu’on parle des étudiant.es aux cycles supérieurs, dont je fais partie, dont les conséquences ont été multiples et tout aussi importantes, mais que l’on oublie parfois. C’est vrai, pour la plupart d’entre nous, nous sommes techniquement déjà en télétravail, c’est-à-dire que nous avons terminé nos cours à l’université et que nous poursuivons la rédaction d’un mémoire ou d’une thèse, bref, d’un projet de recherche d’envergure. Plusieurs d’entre nous travaillons effectivement de la maison, bien que d’autres préfèrent les bibliothèques et les cafés. Le confinement ne devait donc pas changer grand-chose à nos habitudes, n’est-ce pas? Et si je vous disais que nous sommes plusieurs à trouver cette période extrêmement difficile? Que nous avons du mal à avancer nos travaux de recherche?
D’une certaine manière, oui, certain.es d’entre nous sont chanceux.ces. Pour ma part, par exemple, je n’ai pas eu à me soucier d’une baisse de mes revenus, puisque la plupart de mes contrats ont continué malgré la fermeture des universités. Je n’habitais pas seule pendant le confinement et j’ai pu, d’une certaine manière, poursuivre mon travail presque normalement. Mais beaucoup d’autres n’ont pas eu la même chance que moi. Plusieurs ont des enfants, travaillent en même temps et n’ont plus la chance de se concentrer activement sur leur mémoire ou thèse. Déjà, en temps normal, certain.es d’entre nous souffrent de solitude, parce que le travail académique a la réputation d’être quelque chose qui se fait seul.e. Mais si la rédaction en elle-même est effectivement une tâche individuelle, nous avons besoin, autant que les autres, d’une équipe de travail, d’une communauté, avec qui traverser toutes les épreuves de notre parcours. Mais alors, comment trouver la motivation de travailler tous les jours lorsque nous n’avons plus de possibilités de nous rencontrer? Lorsque notre projet de recherche perd son sens au cœur de cette crise sanitaire?
Pour ma part, même si j’aime la liberté que m’offre le doctorat d’organiser mon horaire comme je le veux, je n’ai jamais bien travaillé toute seule chez moi. Depuis quelques années, j’ai rejoint la communauté Thèsez-vous? et je travaille souvent avec d’autres personnes, dans des lieux qui favorisent ma productivité et qui me font sortir de chez moi, tout en me faisant sentir entourée et soutenue. Le confinement m’a obligée à revoir mes habitudes, mais je n’ai pas pu me passer de mes collègues, avec qui j’ai finalement travaillé en virtuel, sur Zoom, pour une grande partie du confinement. Avoir un rendez-vous le matin avec des gens me motivait grandement à me mettre au travail et diminuait mon anxiété.
Le travail que demande un mémoire ou une thèse est aussi, parfois, mal compris. Plusieurs personnes autour de moi ne comprennent souvent pas ce à quoi j’occupe réellement mes journées. J’ai aussi eu des commentaires comme : « Écrire un mémoire de 100 pages, c’est comme écrire trois travaux de 25 pages, avec intro et conclusion, c’est quand même facile. » ou « Ça va te prendre 5 ans écrire une thèse 300 pages? Mais ça va être facile! » C’est oublier que le travail académique demande beaucoup de réflexion et de lecture au préalable que tout travail de session, et qu’il ne suffit pas de rédiger un mot à la suite de l’autre pour écrire un mémoire ou une thèse (sinon, ce serait effectivement facile !) Il faut, au contraire, concentrer une pensée complexe et une démarche scientifique en un document ultra-condensé qui résume plusieurs années de travail. Aussi, la maîtrise et le doctorat ne se limitent pas à l’écriture d’un mémoire ou d’une thèse, mais regroupent tout un tas d’activités comme l’enseignement d’une charge de cours, des contrats d’auxiliaires, des participations à des colloques ou l’écriture d’articles sur différents sujets. L’expérience des études supérieures est enrichissante, selon moi, surtout parce qu’elle nous permet de nous construire comme chercheur.euse autant par l’écriture de notre mémoire ou thèse que par toutes les possibilités qui nous sont offertes. Tout pour dire que ce n’est pas tout le monde, chez nos proches, qui comprend exactement ce que nous faisons au jour le jour, et que cette incompréhension peut devenir encore plus grande en temps de pandémie, où nous ne semblons pas, vu de l’extérieur, directement touchés par la crise.
Bien sûr, la pandémie n’a pas eu que des effets négatifs. Par exemple, bien que la dernière année ait occasionné une diminution drastique des colloques, plusieurs de ces évènements ont eu lieu en ligne, ce qui a permis une diffusion beaucoup plus large des travaux de recherche de certain.es d’entre nous, ainsi que l’élargissement de la communauté universitaire. J’ai pu assister à des soutenances de thèse de collègues qui n’habitent pas à Montréal par Zoom, ou pu écouter de nombreuses conférences dans le confort de mon salon.
Je pense aussi que la crise que nous traversons vient souder les liens de la communauté universitaire, d’une certaine manière. En travaillant en virtuel les uns avec les autres, en partageant nos expériences et en s’entraidant, nous traversons ensemble cette période particulière. Nous nous rappelons aussi que notre travail est valide, important et que nous ne devons pas lâcher. En un sens, la pandémie nous a rapprochés.
Si vous avez un frère, une sœur, un.e ami.e, un parent, un.e conjoint.e aux études supérieures, appelez-le pour prendre de ses nouvelles! Ça fait toujours plaisir de savoir que notre entourage nous soutient.
Sur ce… je vais retourner rédiger!
Pssst! Tu es un.e étudiant.e aux cycles supérieurs et mon article te rejoint particulièrement? Tu souhaites te joindre à d’autres personnes pour travailler en virtuel? N’hésite pas à consulter le site Thèsez-vous? pour découvrir une foule d’activités de rédaction.