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Et si on devenait amis avec nos voisins?

Ce matin, j’ai raté l’autobus.

Ce n’est pas une grande surprise, puisque ça m’arrive presqu’un jour sur deux.

Sauf qu’aujourd’hui, pendant que j’attendais comme un creton sur le bord de la rue, j’ai décidé d’écouter le silence puisque j’étais trop lâche pour prendre mes écouteurs (qui étaient enfouis dans la petite poche, de mon petit sac, de mon grand sac, derrière mon dos, entremêlés dans ma boîte à lunch… avoue que toi aussi, t’aurais laissé tomber l’idée de la musique).

Pas d’écouteurs = pas d’excuses pour ignorer le monsieur qui attendait manifestement le même bus que moi.

Pas d’excuses pour l’ignorer = obligation de lui parler.

Tu devines la suite, hein ? Ben oui, t’as raison, j’ai discuté avec le monsieur pendant les dix minutes qui séparaient les autobus de la ligne 801 l’une de l’autre. Dix minutes à parler de canicule, d’orages et de pluie.

En fait, « discuter », c’est un grand terme, puisqu’il formulait à la fois les questions et les réponses. Anyway, même si j’avais voulu dire quelque chose, je n’aurais pas été en mesure de faire sortir des phrases intelligentes de ma bouche, puisque j’étais trop occupée à chercher où est-ce que j’avais déjà vu cet homme-là.

J’y ai pensé tout au long du trajet, pour finalement l’oublier rendu à destination.

C’est en fin de journée, en revenant du travail quand, en sortant de l’ascenseur de l’immeuble, j’ai revu mon monsieur que j’ai compris.

Compris que, cet homme, ben… c’est mon voisin! Mon voisin depuis deux ans!

C’est quand même fou de réaliser que j’ignore à quoi ressemblent mes voisins.

Quand je suis déménagée ici, j’avais pensé aller me présenter aux autres locataires, mais j’avais eu peur d’avoir l’air too much.

Peur de déranger. De me faire envoyer chier. Peur d’avoir l’air ridicule.

Et pourtant, j’ai probablement eu l’air plus ridicule, ce matin, à l’arrêt de bus, à ne pas reconnaître mon voisin, que si, il y a deux ans, j’avais pris la peine d’aller me présenter.

Avec la saison des déménagements qui bat son plein, j’ai envie de croire à un changement.

J’ai envie de faire rimer « déménagement » avec « entregent » et de faire honneur au mot « voisinage ».

J’ai envie de croire que les locataires de toutes les habitations du Québec seront plus intelligents que moi et qu’ils prendront le temps d’entretenir de véritables liens avec leurs voisins.

Parce qu’au-delà de partager une cour, un arrêt d’autobus et un stationnement, ce sont aussi des tonnes de sourires, d’attentions et d’anecdotes que nous pourrions se partager.

Ce n’est pas normal de s’ignorer ou de simplement se dire « bonjour ». D’avoir la météo comme unique sujet de conversation. Elles sont passées où les discussions sur la famille, les projets, les soucis et les rêves ?

Pourquoi les voisins qui deviennent amis sont si rares ?

Et si on s’engageait à saluer tous nos voisins lorsqu’on les croise ? À s’informer de leur quotidien, à leur apporter des restants de bouffe lorsqu’il en reste une grande quantité, à leur rendre des services sans rien attendre en retour ?

Et si on s’engageait à régler toutes nos embrouilles (probablement tellement inutiles, en plus) avec nos voisins actuels pour repartir à neuf ?

La saison des déménagements, je trouve ça inspirant.

Inspirant, parce qu’à travers les sofas sur le bord du chemin, la pénurie de boîtes dans les magasins et les vapes de swing un peu trop intenses, il me vient des effluves d’espoir.

Pis que ça sent bon l’espoir.

Surtout quand ça concerne les relations humaines.

Source photo de couverture: Pinterest

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