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Et si j’arrêtais de fuir ma tristesse?

Cela a toujours été plus facile pour moi de camoufler ma peine, de faire comme si tout allait bien. J’ai appris toute jeune à ne pas laisser paraître ma tristesse. J’ai appris que pour avoir l’air forte, je devais masquer ma douleur. J’ai appris à retenir mes larmes, à ne pas les laisser couler. Je me suis littéralement forgé une grosse carapace, impénétrable et incassable.

Aujourd’hui, je me rends compte que tout ça affecte inévitablement mes relations amicales et amoureuses. Je suis incapable d’exprimer ma peine, alors ça devient problématique pour des relations qui sont basées sur la communication, la confiance et la compréhension.

Par contre, lorsque je suis seule avec moi-même, je suis à l’aise de vivre mes émotions. C’est seulement en présence d’autres personnes que je me retiens : je me bloque pour ne pas avoir l’air faible et vulnérable. Je réserve ce côté de moi à une infime partie des personnes que je côtoie. Je les choisis minutieusement et cela prend du temps avant que je sois capable de m’ouvrir véritablement et complètement.

Ainsi, je garde tout à l’intérieur de moi. Je vie mes émotions de l’intérieur. Je ne les extériorise pas et pour être honnête, ça me gruge énormément d’énergie. Je me sens détruite par toute la tristesse qui loge en moi. Je me sens dévastée.

Je dois arrêter de me mentir et de faire comme si tout allait bien, de me cacher derrière un sourire ou un « tout va bien ». Je crois être à la hauteur pour contrôler et gérer ces sentiments sombres. Je crois pouvoir les fuir toute ma vie, mais la vérité est qu’ils ne font que prendre le dessus. Je les sens qu’ils m’envahissent, petit à petit. Et je me sens impuissante, ne sachant pas quoi faire d’autre que de les laisser prendre la place, que de les laisser sortir une bonne fois pour toute.

Peut-être que c’est ça qu’il faut, au final, pour que je me sente mieux. Évacuer tout le chagrin que je retiens depuis des années. Toute la souffrance que j’enfouis au plus profond de mon être, peut-être qu’elle ne cherche qu’à quitter mon corps.

Peut-être que c’est un signe que cette fois-ci, c’est assez. Je dois me donner le droit de vivre pleinement mon tourment. Je dois me donner le droit d’expulser toutes ces émotions obscures qui m’habitent.

Je dois simplement me donner le droit d’être heureuse à nouveau.

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