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Et les Premières Nations dans tout cela ?

Source: Pixabay

Il y a plusieurs mois, j’écrivais un article, me demandant si on allait devoir attendre un drame comme celui de la mort de George Floyd aux États-Unis, pour qu’ici, au Canada, on se réveille et on crie : la vie des Autochtones compte !

Car il n’avait fallu qu’une vidéo, captant l’agonie d’un homme noir étouffant sous le pied d’un policier blanc, pour que toute l’Amérique s’éveille. Je me suis ainsi demandée si c’était la technologie qui avait enfin permis aux gens de voir, de leurs propres yeux, la violence policière. Je me souviens encore de ce reportage sur les milliers de femmes autochtones disparues et surtout de ceux qui protégeaient les policiers qui avaient tué, violé, ces Autochtones. Et si les assassinats avaient été filmés, y aurions-nous cru ? 

Sûrement. Car quelques semaines après le meurtre de Georges Floyd, c’est la vidéo de la maltraitance qu’a subie Joyce Echaquane, une Autochtone, qui a pris d’assaut les réseaux sociaux. Elle a filmé la scène. Les préjugés à son endroit, on le voit, ont nui à ses soins. Nous avons attendu un drame pour lever la voix. Un drame filmé. Et plus récemment encore, la tragédie qui entoure les pensionnats autochtones, où on retrouve les dépouilles de plusieurs centaines d’enfants, a fait s’indigner la communauté.

Les Premières Nations, on les a traitées comme un jeu de quilles. On a tenté de tous les abattre ou de les a mettre dans des réserves. On dit que la situation s’améliore, qu’elle est mieux qu’avant, pour ainsi justifier le racisme envers la communauté autochtone. La blessure est encore à vif pour les Première Nations : « Peut-être en portons-nous le souvenir dans notre ADN. La mémoire de la Grande Blessure. De la Grande Fracture » souligne Natasha Kanapé Fontaine dans le livre Kuei, je te salue. Car oui, on les a blessés par le passé. Et pour reprendre encore une fois les mots de l’autrice autochtone, il y a eu « les vols, les massacres, les révoltes. Les tueries à nouveau. » Et le racisme envers cette communauté continue encore aujourd’hui. Comme le souligne le Grand Chef Constant Awashish de la Nation atikamekw :

« Les exemples de manifestation de ce qu’est le racisme systémique pour les autochtones sont innombrables, à commencer par cette histoire du territoire que l’on enseigne dans le système scolaire qui continue de nier la richesse de la vie avant, nier notre histoire.« 

Je me dis qu’on aurait pu se réveiller bien avant. Que notre racisme est incrusté en nous depuis le début, depuis le moment où on a mis le pied en Amérique pour y voler, y tuer, ceux qui habitaient ces terres avant nous. Mais j’espère que cet éveil collectif nous permet un peu plus, tous les jours, de faire un pas pour « construire une société, ensemble », un souhait formulé par Natasha Kanapé Fontaine et Deni Yvan Béchard dans le roman Kuei, je te salue : conversation sur le racisme.

Par Marie-Andrée Labonté-Dupuis

Révisé par Pénélope Beauchemin

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