«Je t’ai enfin trouvé(e). Tu es ma moitié : sans toi, j’étais incomplet(e)». La phrase la plus sketch de l’univers. Tellement sketch que le premier couple de la préhistoire a dû la prononcer entre deux bouchées de mammouth. Tellement sketch qu’elle me lève le cœur, moi qui est pourtant l’une des filles les plus kétaine de l’Univers avec un grand U.
NON, tu n’es la moitié de personne d’autre. Et NON, personne n’est ta moitié.
«Bon là, calme-toi : t’es juste une fille célibataire frustrée de pas être en couple genre.».
Ça pourrait avoir l’air de ça, mais… non, non, non et re-non.
Cette histoire de moitié me tombe sur les nerfs pour une raison bien simple : chacun d’entre nous est une personne à part entière. Une personne capable de subvenir à ses propres besoins. Une personne capable de vivre et de laisser vivre. Une personne unique et complète. Une personne qui apprend grâce aux autres et grâce aux expériences qu’elle vit et vivra.
Une personne peut en faire grandir une autre et peut lui apporter plus que n’importe qui. Mais une personne ne peut en compléter une autre. Elle peut la réconforter, l’écouter, l’apaiser, la comprendre ou la faire sentir unique. Compléter ne figure pas sur la longue liste des verbes possibles et imaginables qui peuvent s’appliquer à la situation.
«Tu es la pièce qui était manquante : maintenant, le puzzle de ma vie est complet.». Phrase sketch #2 qui a des liens de parenté très étroits avec la première. Et qui m’énerve tout autant.
Le puzzle de ta vie, ben y’est loin d’être complété. T’as à peine vécu, à peine eu le temps de laisser tes chaussures fouler les contrées de ton propre continent, à peine rencontré le quart de toutes les personnes qui vont passer dans ta vie.
D’habitude, on peut se baser sur l’image qui se trouve sur la boîte pour faire le puzzle : on commence par le contour pi après on rempli l’intérieur. Y’a pas de mode d’emploi pour un casse-tête, c’est juste moins compliqué de même. Mais quand on est né, ben on en n’a pas reçu de boîte. Ça fait que le puzzle, on le construit comme on peut, en essayant parfois de forcer une pièce pour qu’a fit avec l’autre.
On y va à tâtons, comme on peut. Pi ça prend du temps. Le temps qui faudra : on le sait pas. Mais je suis prête à parier que c’est pas là, quand tu rencontres LE gars ou LA fille, que ton casse-tête est fini.
Des phrases de même, oui, ça me fait lever les yeux au ciel tout en poussant un soupir. Mais l’amour, j’ai absolument rien contre. Je crois que tout le monde a besoin d’aimer et d’être aimé. Je suis aussi d’avis que quelque part, quelqu’un est fait pour créer le match parfait avec vous, avec moi, avec votre voisin.
Y’en a ben un(e) qui va te dire les trois mots entre deux bouchées de steak. Parce que l’Univers avec un grand U, y’est ben ben grand pi ben ben peuplé.