Il y a sûrement des théories scientifiques ou métaphysiques qui expliquent le phénomène de l’endroit préféré au monde et les raisons pour lesquelles on devrait tous.tes en avoir un. Je t’avoue que je n’ai pas cherché. C’est assez nouveau pour moi, cette prise de conscience. Il y a pourtant plein d’endroits où je me sens bien : dans l’appartement que j’habite depuis plus de dix ans, dans les bibliothèques, dans les lieux de culte, dans le bois. Mais récemment, j’ai découvert qu’il y a un endroit différent des autres.
Les musiciens.nes pourraient te le dire : lorsqu’ils et elles ressortent une vieille partition, leurs doigts semblent se souvenir, comme si la musique était imprimée dans leur corps. C’est comme ça avec mon endroit : il est imprimé dans mon corps. Mon âme se souvient.
Elle se souvient des sons.
Elle se souvient des odeurs.
Elle se souvient des couleurs.
Bien sûr, je savais que cet endroit me faisait du bien. J’y étais parfois retournée sous des prétextes plus ou moins farfelus, parce que je me sentais perdue et que j’avais besoin de me retrouver, de m’enraciner. C’est seulement l’automne dernier que j’ai pris la pleine mesure de l’effet que cet endroit a sur moi. Un matin d’octobre où je déjeunais seule, j’ai eu une conscience aiguë de ma tête, de mon cœur, de mon corps. Tout était parfaitement aligné. J’ai compris à quel point ça faisait longtemps que je ne m’étais pas sentie aussi bien, aussi apaisée.
En ces temps troubles où on a de contrôle sur rien… je te souhaite d’avoir ton endroit.
Cet endroit où ton âme s’apaise.
Cet endroit où ton corps se dépose.
Cet endroit où tu te rappelles qui tu es.
J’espère que tu sais y retourner en cas de doute.
J’espère aussi que tu sais en revenir apaisé.e, plus fort.e et prêt.e à reprendre la route.
Photo: Mylaine Lemay