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Encore habiter chez ses parents

Quand j’étais jeune et que je me projetais dans l’avenir, je m’imaginais une vingtaine comme dans les films, avec les fraternités américaines et une vraie de vraie liberté. Je m’imaginais comme une dame qui mets des jupes et des tailleurs pour aller faire des grandes choses dans des grands immeubles. Je pensais que j’allais, du jour au lendemain, devenir autonome et organisée, même si je n’avais jamais fait de spaghetti de ma vie.

Pourtant, j’ai les deux pieds bien dans la vingtaine et j’habite encore dans le sous-sol de mes parents.

Je suis dans l’entre-deux bizarre où mes amis emménagent avec leur douce moitié ou bien ils reviennent habiter chez leurs parents aussi. Je suis dans l’entre-deux bizarre où je ne peux pas dater sans devoir mentionner que j’habite encore avec mes parents et qu’ils risquent d’espionner nos conversations pour s’en moquer plus tard.

Si tu es comme moi, tu dois encore texter ta mère quand tu sais que tu ne vas pas rentrer dormir parce que si tu ne le fais pas, tu sais qu’elle ne s’endormira jamais.

Tu ne peux pas rentrer trop tôt ou trop tard sans que ça soit louche et qu’on te fasse la remarque le matin au déjeuner familial.

Il a des points forts à encore être chez ses parents. Tu n’as pas de loyer à payer ni d’épicerie. Tu n’es jamais stressée à savoir si tu vas avoir assez de nourriture. C’est clair que le garde-manger est plein et que tu as assez de lunchs pour les prochains mois à venir.

Quand tu te sens moche et seul, tu peux toujours écouter un film avec tes parents pour te sentir en sécurité un peu.

Tu peux sauter une semaine de lavage et retrouver quand même une belle pile de linge qui sent bon sur ton lit (sans l’avoir demandé).

Il y a toujours des serviettes propres.

T’arrives et ta chambre est parfois ramonée jusqu’à la dernière bobby pin et tu vois enfin ton plancher.

Même que, parfois, tu réussis à t’enfermer une heure consécutive sans que personne ne crie ton nom ou entre violemment dans ta chambre (sans frapper).

Tu ne payes pas le vin du dimanche soir.

Et surtout, tu es toujours entouré des gens qui t’aiment le plus au monde vingt-quatre sept.

Le jour où tu décideras de quitter le nid familial, tu peux être certain que tu vas avoir de la vaisselle et un divan pour te suivre, gracieuseté de tes petits parents un peu fiers et un peu tristes aussi.

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