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On est tous humains. Avec une tête et un cœur.
Du moins, laissez-moi le croire.
On a chacun et chacune nos qualités, nos défauts. Et pour chacune de ces qualités et chacun de ces défauts que l’on a en soi, on attire des gens. C’est comme ça et ça a toujours été ainsi.
Ceux et celles qui sont attirés par nous le sont parce qu’on a ce « petit quelque chose », parce qu’on a, comme Marie, ce petit « je-ne-sais-quoi » que même parfois eux seuls voient.
Autant nous sommes, autant sommes-nous tous différents. Pis c’est beau, ça. La différence nous rend uniques. Être uniques nous rend différents.
On accueille au fil du temps dans notre vie des gens qui nous rendent heureux l’instant d’un moment, parfois même pendant tout le moment que dure une vie.
Mais pour la durée de ces instants, on ne le découvrira que lorsque ce sera la fin de ce moment, lorsque la vie décidera que c’en est ainsi.
Soit au bout de deux semaines, de deux ans, de deux enfants ou de l’équivalent de deux noces d’argent, soit cinquante ans.
La vie passe, on fait avec tout ce qu’elle nous apporte de bon et de mauvais. Le bon qu’on n’a pas voulu, le mauvais qu’on aura cherché. On apprend. Du moins, je l’espère bien. Je le souhaite. Comment penser que ça s’améliorera si nous-mêmes on ne s’améliore pas ?
Pourtant, on est bons pour se remettre continuellement en question. Se remettre en question, mais en faisant du surplace.
On vit tous et toutes des ruptures.
Parfois subitement, sans trop d’explications. Ciao bye. Ces personnes passent dans notre vie. Hier elle y était, aujourd’hui elle n’y est plus. Vite de même, alors que m’semble qu’y a pas si longtemps, tu la voyais comme ton avenir, ton futur. T’sais, cette personne qui te faisait dire avant de la rencontrer, lors de tes soirées de boys ou de girls : « Esti que j’ai hâte de trouver la bonne personne, celle faite pour moi et moi faite pour elle ! »
On vit tous et toutes des histoires d’amour.
Parfois, t’avais l’impression que tu l’avais, cette personne-là. Entre tes mains. Ces mêmes mains rattachées à tes bras que tu pinçais chaque jour tellement que tu croyais pas à ce qui était en train de t’arriver.
Tu l’avais méritée. T’avais fait tout ce qu’il fallait pour l’avoir, c’est-à-dire seulement être toi.
Elle voyait quelque chose en toi que toi-même tu ne voyais pas. On est mauvais juge pour soi. Tellement que parfois, on prendrait facilement dix ans si on était en procès avec comme sujet l’estime de soi.
Elle te faisait sentir si importante.
Chaque jour, même lors de ses absences, tu savais que cette personne-là était présente, si loin, mais tout près. En textos, en appels vite faits, à coups de « J’pense à toi ! » pis de « Hâte à ce soir pour qu’on s’voie ! »
Au fil des épreuves et des bons coups, on découvre, on avance, on s’investit, on bâtit.
Parfois, ça coule tout seul comme un robinet mal fermé.
Parfois, on fait tellement de compromis que notre vin goûte l’eau.
Suffit qu’on s’arrête pour faire le point et pour se rendre compte qu’un couple, ça n’a pas de règles, pas de mode d’emploi, pas d’assurance que ce sera pour tout l’temps.
Tu vis le moment, des bas à tout remettre en cause, des hauts à donner le vertige.
Pis tu continues.
T’as beau regarder ça de tous bords tous côtés, du jour au lendemain ça peut exploser sans même que tu puisses avoir ton mot à dire. Sans même que l’autre puisse y changer quoi que ce soit.
Est-ce que t’as perdu mon temps durant tout ce temps ?
Avez-vous laissé le navire couler, bien consciemment, comme deux amants blasés qui se disent « bonne nuit » après avoir baisé aveuglément ?
Ça fait combien de temps qu’elle y pensait ?
Sa tête était où alors que tu t’donnais cœur et âme pour célébrer son anniversaire avec tous les gens qu’elle aime tant ?
Elle a beau t’avoir dit maintes et maintes fois que c’était pas toi le problème, qu’elle te laisse en juger lorsque t’auras terminé de la juger elle en premier.
T’entends même plus ses mots, tu n’vois que ses lèvres bouger. Sa face te fait comprendre que c’est sans équivoque, son deuil est déjà fait pendant que pour toi, le corps de votre couple mort est encore tout chaud.
Fuck. Tu vois déjà les jours venir à faire semblant, le temps que vous vous redonniez vos cotons et que tu te résignes à jeter pour de bon sa brosse à dents.
T’as le cœur en miettes. T’sais, celui à qui plus personne ne ferait de mal, comme elle te l’avait promis ?
T’es figé. Figé avant même de te demander si tu l’aimes encore ou si tu lui en veux seulement de t’avoir laissé tomber. L’ego cogne à la porte de ton corps, il ne demande qu’à sortir pour s’échapper le temps de laisser tout ça guérir, de laisser le temps passer. Il va rester où il est, l’ego : avec toi, pour digérer tout ça. Tu veux qu’il se souvienne de ce moment pour qu’il n’y ait pas de prochaine fois.
Les jours passent, t’es là avec ton tout petit toi dans ton appart. Tu te surprends que ça aille mieux, tu vois le jour où tu te remettras sur tes pieds. T’es pas surpris que ça aille mal, pendant que tu déroules les photos de vos escapades à la plage et des « joue contre joue » lors de vos soupers du temps amoureux, ce même temps qui ne te faisait pas te questionner sur le pourquoi ni le comment de ce qui te rendait heureux.
T’es là à te demander ce que le temps pourrait bien te répondre si tu lui demandais : « Dans combien temps, dis ? Dans combien de temps ?? »
Tu changerais le présent pour le futur immédiatement.
Tu vas être là à ruminer ça jusqu’à quand ? Combien de mois durera ce chagrin ? Est-ce que tu pourras refaire confiance à quelqu’un ? Ça fait combien de jours que tu n’as pas mangé ? Mangé quelque chose de santé ?
C’est normal. Ça s’appelle apprivoiser le mal.
Mais pour dompter les difficultés que tu traverses, t’as assez donné.
C’est déstabilisant, une peine d’amour. Ta mémoire est là pour te le rappeler, toi qui disais souvent comment t’en avais pas. Et pourtant…
Tu subis à chaque instant, et quand tu crois que c’est du passé, un souvenir, une odeur, un endroit ramène en une fraction de seconde le post-trauma bien présent.
Puis un jour, ça te frappe.
C’est là, sans même que tu saches depuis quand. Tu ne te rappelles plus c’est quand la dernière fois où tu y as pensé. Entendre quelqu’un avec le même prénom te laisse ni chaud, et enfin froid.
Tu te prends à te rappeler les moments passés ensemble. Mais à la différence que cette fois, ceux-ci sont enveloppés de beau sans que la tristesse et la nostalgie y soient.
Tu souris à nouveau. Pour rien. Pour tout.
T’arrives à peine à te rappeler la douleur. Celle-là même que tu croyais qui ne te quitterait jamais.
T’es capable, dorénavant, de les provoquer, de savoir que tu les as vécus sans vouloir constamment qu’ils reviennent, comme un printemps qu’on attend depuis trop longtemps.
Pis toutes les fois où tu t’es dit : « Que j’aimerais ça, débrancher une fois pour toutes le p’tit criss de fil des émotions ! »
Ben pour chacune de ces fois, rappelle-toi que si c’était le cas, oui ce serait bien que tu ne ressentes plus rien lors de ruptures, mais ça voudrait aussi dire que tu ne pourrais plus jamais ressentir d’amour pour quelqu’un.
T’sais, l’amour ? Le grand, celui qu’il est encore trop tôt pour que tu y croies, mais qui existe réellement, qui peut t’attendre à chaque détour, à chaque tournant, à chaque instant…
Celui où chaque matin où tu te réveilleras, tu croiras encore une fois que c’est la bonne personne qui est à côté de toi, comme si le passé n’avait jamais existé.
T’en es pas encore là. Mais pour ce qui est du « avant », laisse-le donc aller, même contre ton gré. Juste pour voir, juste pour enfin savoir ce qui en est, où tu en es, toi.
Je le sais bien qu’avec cette personne, t’aurais dont bien voulu que ça marche.
Mais elle, elle ne voulait juste pas, elle ne voulait juste pu.
Une chose est sûre, par contre, tu ne pourras jamais t’en vouloir à toi d’y avoir cru pendant tout ce temps…